Chronique

Olivier Collette

De l’aube au crépuscule

Olivier Collette (p), Bart Defoort (ts, ss), Bart de Nolf (b), Jan de Haas (d), Fabien Degryse (g), Olivier Ker Ourio (hca), Kurt Budé (cl, bcl), Laurence Collette (fl), Olivier Bodson (flh), Frank Michiels (perc), Igor Semenoff (vln), Cécile Broché (vln), Dominica Eyckmans (viola), Sigrid Vandenbogaerde (cello), Diedrik Wissels (arr)

Label / Distribution : Mogno

Deux ans après un premier album pléthorique et plutôt inégal, avec De l’aube au crépuscule Olivier Collette reste dans la continuité stylistique de Joy and Mystery, mais en plus concentré, avec moins d’exotisme et sans l’excentricité occasionnelle qui avait distingué Invention Jazz, par exemple. Comme à son habitude, Collette favorise la composition et l’arrangement, profitant du pool d’instruments assez vaste à sa disposition. Bien que l’album soit plus court, il reste varié, stylistiquement et qualitativement.

Des arrangements et orchestrations imaginatifs sont disséminés ici ou là : les combinaisons clarinette/cordes sur Phénix ou clarinette/ténor sur Tango Solitude, et le quatuor de cordes arrangé par Diedrik Wissels, qui intervient de manière riche et pertinente. Malheureusement, les ballades binaires aux mélodies sirupeuses (surtout quand elles sont jouées au soprano) qui abondaient sur Joy and Mystery se retrouvent encore ici (Peaceful Dance, Dancing Birds et Arabesque).

Quand, comme sur le bon Tango Solitude, Collette propose une base plus simple, plus rythmique et ouverte à l’improvisation, un Bart Defoort bien plus intéressant au ténor qu’au soprano peut mieux s’exprimer et fournir plusieurs des meilleurs moments du disque.

Tango Solitude continue le thème des morceaux exotiques commencé avec les festifs Cascatinha et Disanka, issus du premier album. L’effet pervers de ce désir d’exotisme se fait jour quand on arrive à I Don’t Care, premier morceau teinté de blues : on a l’impression qu’il s’agit là d’un style comme un autre, ce qui est un peu étrange pour un musicien de jazz.

A cette première moitié un peu terne succède une série de morceaux plus réjouissants. Le court interlude cordes et percussions The World Needs Us To Be… marque le tournant, avec une férocité et une noirceur aussi inattendues que bienvenues. Tender, une ballade aux accords de piano résonants est un beau moment de douceur, dont le coda plus rythmé évoque le backbeat bluesy de God Bless The Child, du Keith Jarrett Standards Trio sur Standards, Vol. 1. C’est encore un coda rythmique où guitare et soprano échangent des phrases enflammées qui rehausse l’intérêt de You Know Why. Pour clore l’album, et rappeler la filiation avec l’album précédent, …Au crépuscule reprend un motif d’Elégiaque, en l’habillant d’un nouvel arrangement.

De nombreux pianistes vous diront que tous les pianistes rêvent de jouer en trio, mais, à l’aune de ses deux albums parus sur Mogno Music, je serais étonné que ce soit le cas de d’Olivier Collette, qui semble peu porté sur l’exploration des possibilités offertes par l’improvisation. Bart Defoort, en revanche, apporte ce côté fougueux et spontané, ainsi que Jan de Haas, beaucoup plus en forme ici que sur Joy and Mystery (d’ailleurs, ces deux musiciens, avec Bart de Nolf, se retrouvent sur le solide The Lizard Game, paru récemment).