Chronique

Xavier Richardeau

A Caribbean Thing

Xavier Richardeau (ss, bs), Jocelyn Ménard (ts), Anthony Jambon (g), Leonardo Montana (p), Régis Thérèse (b), Yoann de Danier (dms)

Label / Distribution : Continuo Jazz

Le retour sur disque du saxophoniste Xavier Richardeau est une belle surprise. Discret mais actif, le musicien s’est fait connaître à Paris au début des années 90 en organisant au bar Le Houdon des concerts qui eurent vite fait de transformer l’endroit en lieu de jazz parisien de premier plan. Rare saxophoniste baryton dans le style de Gerry Mulligan, il s’affranchit progressivement du style bop, qu’il maîtrise jusqu’au bout des clés, pour jouer une musique de plus en plus personnelle. Compositeur mélodique de chansons, rêveur de rythmes décalés, il s’acoquine rapidement aux musiques antillaises et en particulier à la Guadeloupe où il finit par résider.
C’est là, à Gosier, qu’il reconnecte et développe son appétence pour ces musiques, organise (on ne chasse pas le naturel) des concerts dans un lieu appelé New Ti Paris et prépare le répertoire qui est enregistré pour ce disque.

Hormis « Sous le ciel de Paris », une chanson qui tourne au reggae, tout le répertoire est signé par lui et par la chanteuse Véronique Sambin avec qui il partage une complicité musicale et personnelle depuis longtemps.
On retrouve quelques-uns de ses thèmes les plus « efficaces », déjà enregistrés sur des précédents disques, mais dans des esthétiques jazz plus classiques. Ainsi « Broussanova » (Hit And Run, 2002) devient, après un arrangement énergique « Broussa-Samba », où les deux saxophones jouent en miroir, à l’unisson ou en harmonisation. On retrouve aussi « A Carribean Thing », autre composition de 2002 qui prouve la longue histoire du saxophoniste avec ce tropisme. Les thèmes écrits par Véronique Sambin portent en eux les germes de la chanson, tant ils sont parfaits pour y poser des mots. En particulier « Lili » qui sonne comme une ballade pour tourner en biguine et reste en tête bien longtemps. Xavier Richardeau impose le soprano sur presque tout le disque, une tessiture qui se marie mieux avec le ténor, mais reprend le baryton sur « Waves And Wind », une reprise rapide d’une ancienne composition « Les Ailes de mon moulin », parue sur son disque Aube Brune en 1996. Les vieilles marmites font les meilleures soupes !

Dans la famille du jazz français, celui des Antilles souffre souvent de manque de visibilité, de relais en métropole. Xavier Richardeau a le mérite de jouer les passeurs, ne boudons pas notre plaisir.