Chronique

Jean-Philippe Viret Trio

L’Indicible

Jean-Philippe Viret, cb ; Edouard Ferlet, p ; Antoine Banville, dr

Label / Distribution : Minium Music/Discograph

« Etant donnés »… une couleur originale et pourtant familière à présent, un piano fluide, élégant, toujours vibrant, épaulé par une contrebasse chaleureuse et une batterie énergisante, et ayant en mémoire les précédentes « Considérations », voici un album que l’on a un plaisir ineffable à écouter, avec des musiciens que l’on aime retrouver.

On a toujours affaire ici à une formation à l’assise solide qui joue sa propre musique : le trio du contrebassiste Jean-Philippe Viret présente un nouvel opus, troisième volet d’une trilogie qui ne dit pas son nom.

L’aventure discographique de cet « orchestre à trois », commencée en 2001 avec le label Sketch de Philippe Ghielmetti - ce producteur qui aime particulièrement le piano et la contrebasse - reprend après une interruption momentanée et tout à fait involontaire sous la nouvelle marque de Discograph, « Minium », que l’on souhaite inoxydable.

Juste une « illusion » ? Comme le présente le producteur avec émotion, c’est une affaire de « famille » et d’amitiés, une question d‘affinités sélectives entre les « artisans » de cette affaire et ces trois-là en particulier, qui créent une musique immédiatement reconnaissable, évoluant de climats impressionnistes en ambiances plus engagées et percussives.

On a vérifié justement : seules deux compositions du pianiste figurant dans son album solo, Par tous les temps, sont retravaillées en trio : « Ping Pong » et « Valse à Satan ». L’indicible, ce sont neuf compositions abouties, inspirées et lyriques. Poétique et chantant, le piano a toujours ce caractère affirmé, cette sonorité personnelle : une rigueur et un enthousiasme, une brillance que vient parfois tempérer la mélancolie d’une contrebasse plus sombre.

Sortir un album est toujours une expérience où l’on engage beaucoup de soi, et le contrebassiste Jean-Philippe Viret n’a pas hésité puisqu’il a vendu une de ses contrebasses pour produire la séance. Au delà de l’anecdote, voilà qui en dit long sur l’état d’esprit, l’envie et le désir qui ont présidé à la réalisation d’un tel disque. Ecoutez-le donc sans détour, il est bon de conserver certaines de ses « illusions » !