Chronique

Alice

Un instant

Éric Houdart (ss, ts), Idriss Mlanao (b), François Malandrin (dr).

Label / Distribution : Décalage Oreille

Un instant est le deuxième disque d’Alice. N’allez pas croire qu’il s’agit d’un recueil de contes pour enfants ou, encore moins, d’un tour de chant en solo ! Alice est un trio saxophone (soprano et ténor)/contrebasse/batterie qu’une médiathèque classerait probablement au rayon « free mélodique »…

Éric Houdart, Idriss Mlanao et François Malandrin écument la région lyonnaise depuis bientôt deux ans. Ils ont tous les trois joué, entre autres, avec Eric Le Lann ou Serge Lazarévitch, et Alice a été primée par « Suivez’ le Jazz » et « Talent Jazz à Vienne » en 2003. Pour Un instant, les trois musiciens ont ajouté à leurs qualités indéniables, l’expérience et l’oreille de Simon Goubert. Ce « parrainage » garantit, si c’était encore nécessaire, que la démarche d’Alice est personnelle et sincère. Démarche qui n’est pas si loin d’ailleurs de celle du Trio Résistances, autre triumvirat sans piano.

L’auditeur passe d’une « presque » berceuse (« Un instant ») à un morceau orientalisant - « La Relance » - ou un tango-valse (« Tango pour Cécile »). Mélodieux sans être ni mièvres, ni débridés, les huit thèmes ont été composés par le trio et se prêtent parfaitement aux développements enjoués dont ils font l’objet. Au soprano, Éric Houdart évoque le regretté Steve Lacy avec ses longues phrases sinueuses et cette manière de s’éloigner du thème sans le perdre de vue (« Un instant » et « Tango pour Cécile »). Au ténor, il se rapproche davantage de Sonny Rollins avec, notamment, une gestion habile de la tension (« Abdullah »). Idriss Mlanao est un contrebassiste subtil - « Stuttgart » et « Abdullah » - qui alterne walking bass et soutien plus libre (« Chasseurs de nuages »). Batteur enthousiaste, François Malandrin contribue largement aux ambiances des morceaux : foisonnant dans « Ding Dong », répétitif dans « Tango pour Cécile », emphatique dans « Abdullah » et « Stuttgart ».

Au final, Alice réussit le pari d’être à la fois belle, intelligente et originale ; ça vaut donc amplement le coup de se retourner sur son passage… Un instant