Chronique

An Pierlé

Arches

An Pierlé (voc), Karel de Wilde (orgue d’église), Loesje Maieu & Kaat Helling (cl).

Label / Distribution : PIAS

Chef d’œuvre !
Voilà, c’est dit. Il faut reconnaître que l’on n’est pas dans l’idiome que l’on traite d’ordinaire ici.
Pourtant, il y a du jazz dans cette voix. Cette manière de jouer au-dessus des barres de mesure, de flotter, d’être partout, de s’imposer, tant dans la puissance que dans un registre étonnant de voix légère, de fragile communiante (« Feel For The Child »). Et puis il y a l’intense sensualité de la chanteuse.
Outre les qualités vocales sidérantes, Arches est monumental aussi par la qualité des compositions (« Feel For The Child », « Certain Days », « There Is No Time », « Vibra »…) : une fois que vous les aurez écoutées, elles ne vous quitteront plus jamais. Cela agira de la même manière pour votre famille, vos amis, vos voisins (je l’espère du moins pour les miens car je n’ai pas lésiné sur les décibels).
Même si ce disque sera sûrement rangé au rayon « pop », ce n’est pas une musique évidente. En dépit d’une écriture dépouillée pour mettre en avant la voix et les mélodies, ce projet est audacieux puisqu’il a été enregistré avec un orgue (celui de l’église Saint-Jacques à Gand), une boîte à rythmes et autres boîtes à « sounds » qui, pour être synthétiques, n’en sont pas moins raffinés. On se souvient du monumental Proverbs And Songs que John Surman avait enregistré dans la cathédrale de Salisbury pour ECM en 1996 (sans sons synthétiques il est vrai). Les grands artistes, eux aussi, peuvent faire des miracles dans une église.