Après les souvenirs d’enfance d’Amy Joe Albany, fille du pianiste Joe, voici que vient vers nous le récit de la quête d’un père, effectué par la fille d’Elek Bacsik, guitariste et violoniste qui a eu son heure de gloire en France dans les années 60 avant de disparaître aux USA, où il est mort totalement oublié en 1993.
Entre 1960 et 1963, Elek Bacsik (arrivé en France en 1959, il était tzigane d’origine hongroise) se fait connaître à la fois comme brillant soliste (deux disques se vendent très bien, The Electric Guitar Of The Eclectic Elek Bacsik et Guitar Conceptions) et accompagnateur recherché dans le jazz (Lou Bennett) et la variété (Serge Gainsbourg, Gainsbourg Confidentiel, Jeanne Moreau). Il joue avec les musiciens américains de passage en France, et développe à la guitare un style original, refusant de se laisser coder - puisque tzigane - dans une « imitation » du style Django. Mais c’est le violon qui reste son instrument favori, et il enregistrera aux USA un disque produit par Bob Thiele, I Love You (1974) où il propose une approche de l’instrument très originale.
C’est à l’âge de 46 ans, en 2009, que Balval Ekel découvre qu’elle est la fille d’Elek Bacsik. À partir de là, elle se met en quête de ce père qu’elle ne connaîtra jamais, mais dont elle reconstitue patiemment les hauts et les bas d’une vie de musicien. Cette quête nous est confiée dans un style direct, sensible, assez éloigné de tout effet littéraire, et c’est très bien ainsi. Une confession qui pourrait avoir également le mérite de remettre en valeur un musicien un peu ignoré aujourd’hui, et qui, quoiqu’il en soit, se lit avec beaucoup de plaisir.