Chronique

Julie Saury

For Maxim (A Jazz Love Story)

Julie Saury (dm), Philippe Milanta (p), Bruno Rousselet (b), Aurélie Tropez (cl), Frédéric Couderc (ts, saxello, C melody, fl, appeaux), Shannon Barnett (tb, voc)

Label / Distribution : Black & Blue

Le jazz dit un peu rapidement « traditionnel » aura de toutes façons marqué bien des histoires, et bien des amateurs formés dans les années 50, non seulement pour les plus assidus aux « boites de jazz » du Quartier Latin, mais pour tous en France aux disques de popularisation du genre de ceux de la « Guilde du Disque », qui faisait une bonne place à Sidney Bechet et autres Rex Stewart ou Jack Teagarden. Rappelons que l’on dansait dans les « boums » au son des « Oignons » ou de « Petite Fleur », et que les noms de Claude Luter et Maxim Saury étaient associés à ce jazz qui déferlait dans un beau désordre, mélangeant le « bop », qui désignait à la fois un style et une manière de danser un peu sur tout et n’importe quoi, avec le swing, voire le rock naissant. Dont acte.

Fille de Maxim Saury, batteuse déjà confirmée avec une carrière en cours, titulaire du poste dans la formation « féminine » de Rhoda Scott, Julie Saury se devait de saluer la mémoire de son père (1928 - 2012), d’autant qu’elle affirme avec force qu’il lui a bien transmis le virus de cette musique, dont l’unité est certes parfois tendue, mais qui sait se distendre ce qu’il faut pour ne pas perdre sa qualité première, d’être une fondation musicale sans équivalent.

Dans A Jazz Love Story la batteuse profite de la qualité de ses accompagnateurs pour relire en « bousculant gentiment » comme elle dit, le répertoire traditionnel qui va de « Sweet Georgia Brown » (superbe solo de Philippe Milanta) à « A Kiss To Build A Dream On » (un succès de Louis Armstrong) en passant par « Stars Fell On Alabama » (souvenez-vous de Teagarden, une version à pleurer) ou « Petite Fleur » magnifiquement décalé par un arrangement de Patrice Caratini, sur un tempo fait pour enlacer.
Alors en effet, parions sur le père, puisque c’était celui-là, avec ce prénom si bien bien porté.