Chronique

Carmiña

Mirando al sur

Carmiña Cabrera (voc, g), Cristina Barros (fl), Daniel Stokart (ts, fl), David Nuñez (vln), Gwenael Micault (bandoneon), Nono Garcia (g), Anne Wolf (p), Philippe Reul (p, kb), Jan de Haas (d, vib), Osvaldo Hernandes (perc), Tonio Reina (d, perc), Henri Greindl (g, b, perc)

Label / Distribution : Mogno

Mirando al sur est le deuxième album personnel de la chanteuse bolivienne Carmiña, plus de 7 ans après la sortie du premier. On y trouve Henri Greindl aux manettes (basse, guitare, arrangements et production, en plus d’être et patron du label Mogno Music).

Le sud, plus précisément l’Amérique du Sud, s’exprime dans la fusion et juxtaposition de styles, le Brésil, Cuba ou l’Argentine en étant les références principales. Greindl a fait appel à des habitués du label pour pour dessiner des accompagnements finement ciselés et à géométrie variable : du dépouillement du duo de guitares à la section de cordes (un peu envahissante), en passant par des sections rythmiques plus, ou moins, traditionnelles.

Dans ce cadre la voix voilée, douce et intime de Carmiña (sauf sur América herida, où elle se fait plus ferme et ouverte) peut déployer ses charmes. Cette voix est souvent soutenue par le (ou les, grâce aux overdubs) violons de Nuñez, mais à mon avis, c’est la flûte basse de Stockart sur Luna (il est également superbe au ténor sur d’autres morceaux) qui répond le mieux à la chanteuse. Je dirais même que sa flûte basse est le pendant instrumental de la voix de Carmiña.

Les chansons (une moitié de reprises, l’autre moitié d’originaux) traitent beaucoup d’amour et de nostalgie, les morceaux les plus dépouillés étant particulièrement réussis (Vuelvo al sur, Deixa falor). Cette atmosphère intime et nocturne devient un peu pesante à la longue à cause d’une certaine rigidité de l’interprétation, d’autant plus que les morceaux enlevés manquent parfois de vie rythmique (Obsesión et quelques bossas aux rythmes un peu scolaires). Malgré cela, Mambo pa’ Maria rappelle agréablement Eliades Ochoa, tandis qu’América herida nous sort du domaine sentimental pour pousser un cri contre les dérives politiques et sociales en Amérique du Sud.