Chronique

Elizabeth Colomba & Aurélie Lévy

Queenie

La Marraine de Harlem

Label / Distribution : Editions Anne Carrière

Les romans graphiques sont de plus en plus le support privilégié des biographies historiques, notamment lorsqu’il s’agit de personnages oubliés ou loin des grandes avenues. Comme par hasard, ce sont souvent des femmes.
C’est le cas de Queenie, la Marraine de Harlem, comme était surnommée Stéphanie St. Clair. Dans les années 30, à Harlem, cette femme gangster régnait sur la loterie clandestine, les numbers. Entourée d’hommes rustres et violents, elle se bat contre d’autres mafieux, défend son territoire et son intégrité parfois.
En choisissant un personnage de cette trempe, les deux autrices, Aurélie Lévy et Elizabeth Colomba, racontent un récit qui touche à l’intime, une histoire de femmes. Queenie y est dépeinte aussi bien dans son rôle de cheffe mafieuse que dans celui de femme ou même de petite fille dans les nombreux flash-back que permet le roman graphique.
Le dessin d’Elizabeth Colomba est très réaliste, le trait précis, les cadrages souvent serrés. Les flash-back sont traités avec une texture grisée qui permet de saisir immédiatement le changement de temporalité. À plusieurs reprises, les autrices modifient la narration pour quelques doubles pages ludiques ou didactiques où la forme prime sur le fond.
En ce qui concerne le contexte et le sujet, on découvre avec plaisir quelques personnages que croise la reine de Harlem : Thelonious Monk, Duke Ellington en concert au Cotton Club, et avec horreur quelques autres salopards du KKK qui sévissaient alors.

Queenie est bien au centre de cette histoire, mais les autrices ont délibérément choisi de déborder un peu sur l’époque et d’offrir de très belles planches sur cette période.