Scènes

Entre les plis du bandonéon

JuanJo Mosalini était au Théâtre de la Ville pour la sortie de son disque.


© Alessandro Mosalini

Le concert fait la promotion du nouvel album de JuanJo Mosalini Entre les plis, un hommage à ses maîtres et autres musiciens qui ont jalonné son parcours artistique et musical.

JuanJo Mosalini © Hélène Collon

Au lever de rideau, l’artiste se place seul au centre de la scène, dans un halo de lumière intimiste, pour ouvrir le concert avec une première pièce.
Les mélodies au bandonéon sont lancinantes, voire suppliantes, envoûtantes. Il y a un jeu étonnant de l’instrument avec les genoux qui se balancent, dansent presque, pour accompagner la technique instrumentale et suivre les effets d’air qui sortent du bandonéon. L’instrument manié par Juanjo Mosalini va, s’étirant à l’infini, chercher la langueur ultime au plus creux de ses plis.

« Entre pliegues » est un hommage aux fascinants jeux de plis du bandonéon mais relate aussi un souvenir : celui de l’arrivée de Mosalini à Paris depuis l’Argentine, avec son père qui, avant toute chose, décida d’ouvrir la boîte du bandonéon pour inspecter l’instrument et juger des éventuels dommages causés par ce long voyage. Et là, en le manipulant, l’air qui s’en échappe porte le parfum si unique de son atelier argentin, à 11000 km de là.

Avec peut-être la nostalgie et l’exil en filigrane, ainsi que la mort récente de Juan José Mosalini, son père, l’émotion a affleuré quelques instants avant son duo de bandonéons avec Carmela Delgado.
Le duo précédent, avec le contrebassiste Leonardo Teruggi, était aussi rythmé qu’enveloppant. J’y ai entendu comme du Brahms dans ses pièces pour piano et violoncelle… Idiot ? Cette langueur du bandonéon avec la gravité de la contrebasse….
Sandra Rumolino, la voix de ce concert, est altière et splendide.
Le final, une suite pour quatuor à cordes et bandonéon, évoque une vraie danse des sabres. Il ne manquait plus que Rudolf Nureev déguisé en tanguero.