Le guitariste Éric Löhrer s’est fait récemment remarquer avec le premier disque de son quartet [1] : Sélène Song. Quant à l’album évidence, le guitariste l’avait enregistré en 1997 avant que sa carrière ne l’éloigne un moment du jazz. Le label Subsequence et Anticraft ont la bonne idée de le re-éditer.
Évidence est un hommage à la musique de Thelonious Monk, comme les disques de Steve Lacy ou Mal Waldron portant le même titre. Mais contrairement à ses deux aînés, Löhrer ne joue que des morceaux de Sphere et écrit evidence à la française… D’« Epistrophy », co-signé avec Kenny Clarke, à « Off Minor », en passant par « Ruby My Dear », « Little Rootie Tootie » ou le splendide « Crepuscule With Nellie », le guitariste propose treize compositions sélectionnées parmi les classiques de Monk, mais ni « Round’ Midnight », ni « Blue Monk » ne figurent au programme.
Le guitariste n’a pas choisi la solution de facilité : à l’instar de Waldron, il s’attaque au répertoire de Monk en solo. Cela dit, la guitare se prête bien à cet exercice, et il a construit son album intelligemment, par développements courts et alternances de morceaux vifs et calmes. Finalement proche de l’esprit de Monk, il joue sur les discontinuités harmoniques et rythmiques, parsème son discours de touches bluesy, fait dialoguer plusieurs voix qui suivent chacune leur idée, et intercale des passages qui swinguent. Guitare acoustique aidant, évidence rappelle un peu le Virtuoso de Joe Pass.
Löhrer ne cherche pas à faire preuve de virtuosité – défaut répandu chez les guitaristes – mais s’attache à démontrer l’évidence du casse-tête musical monkien… et sa démonstration est convaincante.
- « Epistrophy » (2:49)
- « Hackensack » (2:44)
- « Reflection » (3:03)
- « Evidence » (3:09)
- « Pannonica » (3:02)
- « Ruby, My Dear » (4:29)
- « Little Rootie Tootie » (2:35)
- « Monk’s Mood » (3:15)
- « Four In One » (3:06)
- « Ask Me Now » (3:49)
- « Bye-Ya » (2:26)
- « Crepuscule With Nellie » (2:05)
- « Off Minor » (2:15)