Chronique

Francesco Geminiani

Red Sky, Blue Water

Francesco Geminiani (ts), Manuel Schmiedel (p), Rick Rosato (b), Daniel Dor (dm)

Label / Distribution : Fresh Sound Records

En voilà un sax ténor lyrique et bluesy comme il faut. Un brin « wayneshortérien », pour le coup. Un jeu à la sensibilité exacerbée, avec des caresses soufflées confites d’émotions, marqué par une fluidité plastique à même de faire advenir des images (comme l’illustre le joli travail graphique de Charles Berbérian pour la jaquette) : telle est la marque de fabrique de Francesco Geminiani, Italien débarqué à New-York à la fin de la précédente décennie, et désormais établi à Paris.
Avec son quartet, il déploie de subtiles interactions qui sont le support d’autant de contes métropolitains, issus de son séjour étasunien, lorgnant parfois outre-Atlantique (telle cette belle version de « Chelsea Bridge » de Billy Strayhorn, qui nous propose une carte postale d’un Londres fantasmé), ou bien vers l’enfance (adaptation de « Marina », une bluette italienne qui prend un méchant coup de lifting hard-bop). Le groupe lorgne parfois vers l’expérimentation post-bop sans perdre de vue la pulsation fondamentale du swing : les abstractions qui en découlent ouvrent des perspectives inédites sur les paysages évoqués.
La circularité des rythmes et des mélodies se conjugue dans une remarquable écologie musicale : on respire profondément à l’écoute de ce disque au naturel jazz irréprochable.