Scènes

Jazzycolors : Wolfgang Haffner

Festival Jazzycolors, 12 novembre 2010, Institut Goethe de Paris. Wolfgang Haffner/Hubert Nuss.Christian Diener.


Ce deuxième concert du festival Jazzycolors à l’Institut Goethe nous a permis de découvrir un excellent batteur de jazz, probablement un peu méconnu en France. La scène allemande est dynamique et créativ, mais de ce côté-ci du Rhin, le courant n’est pas encore assez porteur pour nous faire profiter de sa vitalité [1].

En ce 12 novembre 2010, Jazzycolors 2010 met donc en avant dans le très bel auditorium du Goethe Institut (avenue d’Iéna) le trio de Wolgang Haffner. Une musique assez classique et un peu cadrée en début du set mais qui se débride au fil des morceaux, pour se terminer en jazz rock ou presque.

Wolfgang Haffner © E. Vial

Haffner est indéniablement un batteur-percussionniste de haut niveau. Son jeu très vif, alterne mains, fagots, balais, baguettes... Sideman mais aussi leader chevronné, il compose et produit ses disques et multiplie les collaborations. Il vit en Andalousie, mais a côtoyé les musiciens jazz rock américains et déploie sa musique en Europe via des projets ambitieux. C’est un musicien souriant, doué d’une forte présence, qui a officié dans les ensembles d’Albert Mangelsdorff puis avec le groupe « Passport » de Klaus Doldingers, avec Chaka Khan aux USA, ou Metro [2]

Wolfgang Haffner Trio © E. Vial

Ce soir au programme, jazz lyrique et mélodique privilégiant les ballades avec Hubert Nuss, un pianiste dont on sent le background classique mais qui a travaillé aussi avec Peter Erskine, vrai gage de qualité [3], et le contrebassiste Christian Diener, qui assure le soutien rythmique avec sobriété. On retrouve des thèmes récents signés Haffner : « Left Side of Field », « Worldless », « Azul » [4] et « Star Silent Way » [5]. Au cours du concert, Wolgang Haffner a tenu à rendre un hommage émouvant à deux disparus de la scène jazz qu’il a côtoyés au cours de sa carrière : Joe Zawinul et Esbjörn Svensson, le jeune pianiste d’E.S.T. Mais il nous a aussi réservé un petit moment d’humour et de créativité ludique avec un solo de marteaux genre « toy music ». Le tout s’achève dans une décpontraction qui laisse devenir un jazz allemand énergique qui peut s’avérer débridé.

par Emmanuelle Vial , Pascal Mongénie // Publié le 3 décembre 2010

[1Heureusement, l’été dernier, le Paris Jazz Festival au parc Floral de Vincennes avait judicieusement programmé un week-end allemand avec des groupes et des personnalités de grand intérêt : Das Kapital, Joachim Kühn et Christian Lillinger, Hyperactive Kid, Alexander Von Schlippenbach et Aki Takase…

[2Le band-fusion de Chuck Loeb, Mitch Forman and Anthony Jackson.

[3Cf. son récent The Book Of Colours.

[4Sur Round Silence.

[5Sur Acoustic Shapes. Voir également Urban Life et Zooming.