Chronique

Joe Chambers

Samba de Maracatu

Joe Chambers (dm, vibes, p), Brad Merritt (p), Steve Haines (b)

Label / Distribution : Blue Note

Attention, légende vivante ! Joe Chambers, c’est ce multi-instrumentiste, principalement batteur, mais aussi vibraphoniste et pianiste, qui a servi la soupe aussi bien à Wayne Shorter qu’à Chet, Max Roach ou Archie Shepp. Il officie comme sideman depuis les années soixante et, à plusieurs reprises, les boss légendaires de Blue Note, Alfred Lions et Francis Wolff, lui avaient proposé de réaliser un album sous son nom ; offre qu’il avait toujours déclinée jusqu’en 2016, préférant se concentrer sur son métier d’accompagnateur et d’enseignant.

Nanti d’un CV plus long que ses deux bras, on aurait pu s’attendre à un disque d’excellente facture, d’autant qu’il se réclame du principe du rerecording façon Bill Evans sur « Conversations with Myself » (1963). Las, peut-être n’est-il pas suffisamment schizophrène pour que cela fonctionne. L’ensemble sonne plus comme une maquette que comme une œuvre achevée. Avait-il besoin de payer des impôts ou des frais hospitaliers ? Heureusement, le bassiste est là pour recoller les morceaux. Saluons néanmoins le somptueux sens de l’espace dont il fait montre lorsqu’il s’exprime au vibraphone sur « Circles », une composition de Bobby Hutcherson (il officiait à la batterie sur l’original, en 1968), ou son hommage au côté expérimental d’Horace Silver (version de l’envoûtant « Ecaroh »).