Stéphane Adsuar 4tet à Marseille
Concert à l’Atelier Sévin-Doring, Marseille, 4 février 2022
Stéphane Adsuar Quartet + Romain Cuoq (Philippe Bertrand)
Stéphane Adsuar est l’une des valeurs sûres de la batterie dans les scènes hexagonales contemporaines. Porté sur les fonts baptismaux du jazz par son père, lui-même batteur, et par Jean-Paul Cecarrelli, au conservatoire de Nice, il a pu bénéficier du mentorat de Terry Line Carrington lors de son séjour à la Berklee de Boston.
Las, impatient de faire le métier à Paris, il n’a pas bouclé son cursus américain et s’est retrouvé à remplacer les meilleurs batteurs de la capitale, assurant le remplissage de la gamelle en frayant avec des musiciens pop. Pour autant, il n’a jamais pu décrocher du jazz : c’est sa came. Il a d’ailleurs produit deux singles pendant le confinement de 2020 qui portent le sceau d’une maturité musicale avérée ainsi que d’une spiritualité sans fard, pratiquant avec joie l’art du remix instrumental - oui, il ose piquer la batterie de Vernell Fournier sur l’incunable « Poinciana » d’Ahmad Jamal pour en proposer une relecture flirtant avec le hip-hop le plus exigeant !
- Stéphane Adsuar Quartet (Philippe Bertrand)
Et voilà que, reprenant la route avec son quintet « Bunch of Boys », il se retrouve dans la cité phocéenne le lendemain d’un concert cannois -la formation n’étant a priori pas complète ce soir-là, elle est présentée comme un quartet : Leonardo Montana au piano, Damien Varaillon à la contrebasse, Hermon Mehari à la trompette… Romain Cuoq, au sax’ ténor, rejoindra le groupe en fin de set pour reconstituer la « bande de gars ».
Les compositions du batteur-leader sont d’excellente facture. Leonardo Montana sait faire monter la tension par son lyrisme gorgé de blue notes furtives, sollicité par Adsuar pour des dialogues mélodiques et rythmiques aux couleurs de l’arc-en-ciel. Par son jeu aux nuances infinies, il convie ses partenaires dans un jeu collectif lorgnant vers une sorte de transe.
- Damien Varaillon, Hermon Mehari, Stéphane Adsuar (Philippe Bertrand)
Damien Varaillon, Marseillais de l’étape nous livre une version confondante de « These Foolish Things », sur lequel le contrebassiste nous régale à transposer les quatre premières notes du thème dans une descente chromatique d’exception, délicatement soulignée par le batteur. Et quand le terrible trompettiste Hermon Mehari se love dans quelque phrasé bop, on est transporté dans un ailleurs aux allures d’infini. Romain Cuoq viendra dérouler des phrases enchanteresses dans des entrelacs avec les notes de trompette sur une marche bluesy aux accents épiques.
Le groupe terminera par un « Stardust » d’anthologie, nous rappelant à notre condition éternelle de « poussières d’étoiles » car, avec un ensemble de cette facture, notre identité se fait véritablement cosmique.