Chronique

Sal La Rocca

Shifted

Sal La Rocca (b), Pascal Mohy (p,elp), Jeroen Van Herzeele (ts), Lieven Venken (dm)

Label / Distribution : Igloo

« Le jazz est une musique d’urgence », aime à déclarer Sal La Rocca, contrebassiste belge d’origine italienne. Cet autodidacte, qui a entre autres joué avec Toots Thielemans, Philip Catherine, Lee Konitz et Steve Grossman, déploie un son organique, à la fois doux et rageur.
En vrai leader, il fait peu de solos mais déploie, quand vient son tour, des trésors d’inventivité basés sur une technique sans faille. Ainsi de sa proposition sur « Syndrome », où son jeu en doubles-cordes l’impose comme un maître tellurique : sur cette composition de Carla Bley, il déroule un bel hommage à Charlie Haden, référence obligée pour tout contrebassiste d’excellence.

Dans ces retrouvailles avec des complices de longue date, il a proposé au pianiste de s’exprimer également au Wurlitzer, ce qui permet à nombre de pistes de baigner dans une atmosphère soul et psychédélique. Le saxophoniste, quant à lui, déroule des phrasés convoquant la folie douce d’un Dolphy, voire la spiritualité d’un Coltrane. Le trombone donne une saveur funky aux pièces sur lesquelles il est convoqué.
La musique se savoure ici avec les yeux autant qu’avec les oreilles : effets de prisme sur « Wise One », où les instruments se font échos colorés, effets de contrechamps avec un remarquable travail sur le contrepoint sur « Last Kiss ». Gageons que ces propositions prennent tout leur sens sur scène.