Chronique

LG Jazz Collective

New Feel

Guillaume Vierset (g, comp, arr), Jean-Paul Estievenart (tp, bugle), Steven Delannoye (ts, ss), Laurent Barbier (as), Igor Gehenot (p), Félix Zurstrassen (b), Antoine Pierre (dm)

Label / Distribution : Igloo

En 2012, à l’occasion du Festival Jazz à Liège, le guitariste Guillaume Vierset réunit six compagnons pour monter une formation éphémère. A ce stade, le projet est de jouer la musique de grands compositeurs liégeois en se la réappropriant pour leur rendre un hommage bien personnel, juste pour un soir. Un plan qui devait se dérouler sans accroc, mais c’était sans compter sur l’addiction soudaine que peut susciter l’amour de l’art. Quand on se retrouve à faire le casse du siècle avec une équipe solide et prometteuse, on y prend vite goût et on cherche à pérenniser l’association de malfaiteurs.
Ainsi, chacun a voulu aller plus loin, et deux ans plus tard, le LG Jazz Collective sort New Feel, un premier album plus que réjouissant qui remporte déjà une Octave de la Musique en 2015 (meilleur album jazz). D’ailleurs, ces jeunes musiciens sont plutôt habitués aux récompenses puisque le groupe totalise au moins quatre ou cinq distinctions individuelles.
Dans le répertoire, quelques thèmes empruntés à des artistes influents pour Guillaume Vierset, tels que les guitaristes Philippe Catherine ou Alain Pierre. On retiendra notamment l’excellente reprise du récent « Carmignano » d’Eric Legnini (2013), dont Vierset a extrait la substance et l’a multipliée par elle-même pour en faire une version encore plus vitaminée que l’originale. Le groove de son écriture est sublimé par celui des musiciens, dont Laurent Barbier au sax alto qui signe un solo fulgurant et électrisé. La dynamique est large et maîtrisée jusqu’au bout des ongles, et le batteur Antoine Pierre semble jouer avec elle comme avec de la pâte à modeler. Un des piliers du collectif, le fils d’Alain Pierre (cité plus haut) est clairement un artiste montant de la scène jazz en Belgique.
Le reste du disque est fait de compositions originales parmi lesquelles ce magnifique hommage à Nick Drake, élégant et délicat, où les lignes de cuivres s’articulent comme des tuttis de big band. Egalement, « New Feel », morceau dont l’album porte le nom, résume bien ce qu’on y trouve ; des changements d’ambiances où à une ascension cuivrée épique peut succéder un tableau calme et tendu, plein de vapeur et de mystère.
La force du LG Jazz Collective est d’aller toujours à l’essentiel, sans fioriture, et sans jamais tomber dans la flatterie. Le relief est créé par les nuances de l’orchestration, en comptant sur l’économie plutôt que sur la surenchère.
En somme cet album, plein de promesses, recèle une musique riche et souple, rarement simple mais qui en a toujours l’air.