Sylvain Charrier Tentet
¿Viva La Revolución ?
Sylvain Charrier (comp, vib, marimba), Ophélie Dècle (fl), Pierre Horckmans (cl), Aurélien Joly (tp, bugle), Lionel Moreau-Flachat (saxes, voc), Bruno Peterschmitt (cor viennois), Yvan Lemaire (tu, tb), Muriel Burtz (marimba, vib, steel drum), Shami Monany (b), Christophe Telbian (dm), David Bigre (tp)
Label / Distribution : Auto Productions
Le titre ne cache rien : Sylvain Charrier a décidé de renverser l’ordre établi. Pour ce faire, lui et ses mercenaires partirent dix, mais par un prompt renfort de groove et d’acidité cuivrée, se virent cinq mille en arrivant au port.
L’illustration sonore est assez explicite ; le premier morceau, « L’Angle Alpha », annonce quelque chose d’héroïque et de périlleux. Toutes les étapes du film d’aventures sont dépeintes, on entend les protagonistes livrer des batailles sans merci, on est pris dans le suspense haletant au cœur de la lutte. Il y a des accalmies, comme cette scène d’amour quand les backs rentrent derrière le solo de basse de Shami Monany. Enfin, le leitmotiv de ladite révolution se fait triomphal : ce n’est rien d’autre qu’une volonté tenace d’optimisme.
A ceci succède la « Carmagnolite Aiguë » dont le titre dit tout de la dérision. Une caisse claire militaire et une flûte qui paraphrase « Ah ça ira » : la prise de la Bastille n’est pas loin !
L’écriture est fine et soignée et semble toujours donner priorité à l’énergie. De ce point de vue, les musiciens sont à leur juste place et se distinguent tour à tour ; on notera dans « Titrisation » l’intense solo du trompettiste Aurélien Joly qui pendant de longues minutes traverse les ambiances en allant de la poésie à la révolte d’un coup de piston et sans jamais manquer d’à-propos.
Le bataillon Charrier renferme une arme secrète, qui ne passe jamais inaperçue lorsqu’elle est dégainée : le vibraphone. Pilotée à tour de rôle par Muriel Burtz et par Sylvain Charrier, elle est souvent utilisée pour changer de cap. Elle offre dans « Avant Socrate » une introduction délicate et aérienne où vient planer et danser Lionel Moreau-Flachat avec son sax soprano. A ses côtés, il faut souligner que l’arsenal n’a rien de courant pour ce type d’escadron, puisqu’il compte un cor viennois, un tuba, un steel drum (entre autres artilleries plus répandues).
Avant de s’achever, le disque prend le temps d’exposer deux chansons aux textes militants et drôles, qui affichent ainsi explicitement ce que la musique nous disait depuis le début. Les choses sont faites sérieusement, mais par des gens qui ne se prennent pas au sérieux. L’apéro occupe une place de choix dans « Tous Ecolos » ; Moreau-Flachat y a des choses importantes à dire, mais il est hors de question de les dire sans se marrer. Cette révolution est très enthousiasmante !