Chronique

[LIVRE] Michel Boujut

La vie de Marie-Thérèse…

Le titre du dernier livre de Michel Boujut est bien plus long que celui de la chronique : La vie de Marie-Thérèse, qui bifurqua quand sa passion pour le jazz prit une forme excessive. C’est la légende d’une photo « découpée en janvier 1959 dans le quotidien de Bordeaux, Sud-Ouest ».

Alors qu’il se replonge dans La nuit tombe, polar de Maître David Goodis, Boujut retrouve une photo égarée au milieu du livre. Elle représente Big Bill Broonzy hilare, sa femme souriante, et Marie-Thérèse Désormeaux (Davergne de son vrai nom) plutôt sérieuse. L’auteur décide de partir à la recherche des circonstances du fait-divers que cette photo illustrait.

Marie-Thérèse Désormeaux vient d’une bonne famille, se marie jeune à Gérard Baraillé, pianiste de jazz, divorce et se trouve entraînée malgré elle (?) dans une aventure sanglante : l’assassinat de Jean Lannelongue, patron de la Tournerie des Drogueurs, une boîte de jazz toulousaine.

La vie de Marie-Thérèse… est une « anecdote sociale » qui aurait sans doute inspiré une fable sanglante à Jean-Patrick Manchette ou un conte drolatique à ADG. Boujut, lui, s’est lancé dans une enquête de journaliste.

Le livre décrit en parallèle les recherches de l’auteur et l’histoire de la jeune femme. L’auteur intercale chapitres réalistes - correspondance (avec Hugues Panasssié), extraits de journaux d’époque, entretiens avec des témoins, conclusions d’enquêtes… - et des passages imaginaires qui mettent en scène Marie-Thérèse et la bande de Braganti - le meurtrier (Berganti de son vrai nom).

L’amateur de polars trouvera sans doute que ce procédé casse un peu le rythme, mais reconnaîtra qu’il rend La vie de Marie-Thérèse… très vivant : le roman s’apparente au scénario d’une émission de télé-réalité. D’autant plus que le style de l’écrivain reste dans le registre du journalisme, avec toujours ce brin de familiarité que le lecteur trouvait déjà dans Souffler n’est pas jouer.

La vie de Marie-Thérèse… est un ouvrage court et léger autour du jazz, avec Billie Holiday en toile de fond… évidemment.