Scènes

Le festival de la Nébuleuse du Hask au Glazart

Récit de deux soirées en compagnie de notre M Base national.


Retour sur les soirées du 29 et 30 novembre et les concerts de Kartet, Haute Fréquence 4.1, Arnaud Vincent, Thot et Ambitronix.

Du 28 au 30 novembre 2001 s’est tenu le festival de la nébuleuse du Hask, collectif de musiciens aux esthétiques divers, réunis par le goût de l’aventure et du risque. Situé près du Parc de la Villette, Le Glazart est un drôle d’endroit ouvert aux nouvelles musiques et aux expériences originales. La rencontre entre Hask et le Glazart était donc une évidence, et le public est venu nombreux pour le deuxième festival de cette féconde nébuleuse.

C’est Kartet qui ouvre le bal jeudi soir. Le groupe joue en majorité les morceaux de son dernier et superbe album. La complicité entre les musiciens fait plaisir à voir, et sur des climats et des rythmes qui se superposent de façon diabolique, Orti joue d’une manière très ouverte, voire free. Mu Turn, composition de Delbecq qui donne à la fois l’impression de tomber dans une cage d’ascenseur ou de décoller comme un ballon d’hélium, conclue ce très bon set. Il est juste regrettable que les éclairages aient été mal réglés et braqués vers le public, cela gâche quelque peu le confort d’écoute…
Pour Haute Fréquence 4.1, pas de problème d’éclairages, puisque c’est un spectacle déconcertant à base de vidéo. La rencontre entre image et musique ne date certainement pas d’hier. Ici l’originalité vient du contraste entre le rythme produit par les images extrêmement travaillées, insolites, humoristiques et une musique atmosphérique, statique. La trompette de Serge Adam évoque Don Cherry, et répond par d’étranges trilles aux nappes que tissent le guitariste Gilles Coronado et l’électronique. C’est déroutant, cela rebute visiblement une partie du public, mais l’autre semble apprécier ce type de spectacle que l’on a pas l’habitude de voir et qui représente une forme d’art à part entière.

Vendredi soir, il faut noter deux changements : le public s’est bien renouvelé et les éclairages sont absolument remarquables, ouf ! Bleus intimes pour Arnaud Vincent, qui a donné une performance zen de guitare préparée. Oui zen alors que cela aurait pu être irritant. Se servant de nombreux ustensiles : cuillères, mini arc, tige, le guitariste belge donne de précieuses miniatures purement sonores. La question que je me pose après ce concert est « quelle serait une performance ratée ou réussie de ce genre de musique », mais peu importe, les applaudissements sont nourris et contrastent avec une musique proche du silence.
On est dans les tons orangés pour le concert de Thot, la formation de Serge Payen. Groupe solaire qui joue de longues suites fortement marquées par le groove, le funk et les recherches rythmiques. Les solistes manquent encore un petit peu de maturité, mais la sincérité et l’engagement sont bien là. Et il en faut pour ce genre de musique !
On revient à des couleurs mauves pour le concert qui fut je pense le sommet de ces deux soirées.
Ambitronix, ce duo a le sens de la mise en boucle de sons obsédants ! Totalement improvisée la musique arrive à un niveau de cohérence et de construction impressionnant. Delbecq, très concentré est derrière son piano préparé, ses claviers et samplers. Le batteur Argüelles la finesse même ce soir là, s’échantillone, joue autour de ses samples, hypnotise la musique de rythmes issus de la culture électronique et pop.
Plutôt planante, à la fois intelligente, réfléchie et efficace la musique débouche sur un délire sonore proprement assourdissant renforcé par une rythmique vigoureuse. Quelques personnes dansent dans la salle, les autres restés assis bougent frénétiquement ! Les musiciens ont fini leur set et remportent un vif et mérité succès.
Vivement l’année prochaine !