Chronique

Lewis Porter, Michael Ullman, Edward Hazell

Le jazz, des origines à nos jours

Traduit de l’anglais par Isabelle Leymarie et Mathilde Gerbeaux, sous la responsabilité de Vincent Cotro.

Label / Distribution : Outre Mesure

Une nouvelle fois, les éditions Outre Mesure publient la version française d’un livre important pour le jazz.
L’ouvrage de Lewis Porter (auteur par ailleurs d’un ouvrage qui fait référence sur John Coltrane), Michael Ullman et Edward Hazell est en effet une bible pour les amateurs, quel que soit leur niveau de compétence en la matière. Les néophytes y trouveront toutes les données historiques et musicales nécessaires pour se faire une idée précise de l’histoire du jazz, de son évolution, de ses différents courants et de ses grandes figures.
Quant aux amateurs avertis, ils trouveront dans Le Jazz, des origines à nos jours une source d’information qui les aidera à parfaire leurs connaissances, éclairer ou approfondir les aspects qu’ils ne maîtrisent pas parfaitement. Très documenté, agréable à lire, ce volume aborde le contexte socio-historique de l’évolution originale de tel ou tel musicien ou de l’apparition d’un nouveau courant. De multiples exemples musicaux [1] permettent au lecteur, même s’il ne possède pas son solfège sur le bout des doigts, de suivre et mieux comprendre une notion musicale à l’écoute du passage concerné. On y trouvera également des biographies détaillées, ainsi que sept annexes guidant l’auditeur dans son voyage. Citons entre autres une méthode d’écoute [2], une bibliographie et une discographie.

L’édition française a été supervisée par Vincent Cotro, universitaire et musicien dont on connaît le talent. Deux bémols : d’abord, un américano-centrisme qui occulte le jazz européen, surtout après 1970. Ensuite, le titre est trompeur au sens où les trente dernières années ne sont que survolées, notamment au travers de l’Annexe 1, sans réel approfondissement concernant les grandes figures, les courants et développements qui ont marqué le jazz depuis 1980 et font aujourd’hui son actualité.

Exercice difficile que celui qui consiste à décrire un mouvement encore récent, voire contemporain ; Ekkehard Jost, par exemple, y avait pourtant excellé avec son Free Jazz dans les années 1970 [3]. Toutefois, ces remarques ne retirent rien à l’intérêt de l’ouvrage, qui se doit de figurer dans toute les bonnes bibliothèques.

par Julien Gros-Burdet // Publié le 22 mars 2010
P.-S. :

PS : Dans le passage traitant de Thelonious Monk, il est intéressant de noter que selon les auteurs, Monk et Charlie Christian auraient été enregistrés ensemble au Minton’s Playhouse. Or, dans son superbe Monk, Laurent De Wilde regrette justement (p. 35, Gallimard/Folio) qu’on ne dispose pas d’enregistrements réunissant ces deux génies, pas même sur ceux réalisés par un jeune étudiant lors des sessions au Minton’s.

[1Partitions d’introductions, de solos, d’accompagnement.

[2Annexe 2, très bien pensée : théorie, exemples musicaux, rappels historiques pour accompagner l’écoute et découvrir l’improvisation.

[3Éditions Outre Mesure.