Chronique

John Hébert

Byzantine Monkey

John Hébert (b), Tony Malaby (saxes), M. Attias (s), A. Kolker (fl, bcl), Nasheet Waits (dm), S. Takeishi (perc)

Label / Distribution : Firehouse 12 / Orkhêstra

Un peu comme Drew Gress, John Hébert fait partie de ces contrebassistes très demandés, à l’aise dans tous les contextes, des plus classiques au plus free. On a pu ainsi l’entendre aux côtés du regretté Andrew Hill (une rencontre qui aura d’ailleurs marqué ce musicien originaire de Lousiane, d’où son nom francophone), avec la jeune guitariste qui monte, Mary Halvorson, Fred Hersch, Dave Liebman ou encore Maria Schneider. On attendait donc avec une certaine impatience son premier album en tant que leader.

Pour Byzantine Monkey, il a constitué un sextet de familiers et composé dix morceaux comme autant de traces biographiques. « La reine de la salle » nous ramène à la culture cajun, avec un sample de chanson traditionnelle sur lequel il improvise à la contrebasse avant d’être rejoint par les autres pour une musique toute en énergie et complémentarité, tournant autour du motif mélodique. La suite est à l’avenant : compositions finement ciselées, grande cohésion – la paire Nasheet Waits/ Satoshi Takeishi d’un côté et les soufflants magnifiques Tony Malaby/Michael Attias/Adam Kolker de l’autre, avec au milieu la contrebasse – et morceaux de bravoure signés des six comparses.

Cette musique qui respire la sincérité est habitée par ses interprètes, qui transcendent l’écriture de Hébert. Les titres sont à eux seuls de petites pépites (Blind Pig, Ciao Monkey). John Hébert se nourrit de ses origines (« Cajun Christmas », « La reine de la salle »), de ses voyages (« Fez », souvenir de Turquie), des images issues de ses rencontres (« For A. H. », en hommage à Andrew Hill) et, sur ce premier disque montre une maturité surprenante de compositeur et de chef d’orchestre face à des personnalités affirmées. À la fois denses et aérées, les pièces comportent des rebondissements et développements multiples et variés : duos de solistes, unissons, formes écrites ou libres… mais toujours en conservant une couleur personnelle, la marque d’un grand en train de naître.

Notons que Byzantine Monkey paraît chez Firehouse 12, géré notamment par Taylor Ho Bynum. On est une nouvelle fois frappé par le travail de ce label encore jeune : outre ses qualités propres, ce disque est un bel objet et la prise de son est superbe.