Chronique

Mélina Tobiana

Mélina Tobiana

Mélina Tobiana (voc), Stephan Moutot (ts), Martin Guimbellot (cb), Emmanuel Duprey (p, Fender Rhodes), Rémy Voide (d).

Label / Distribution : Out There / Out Note

Attention : talent énorme ! Surtout, ne pas s’arrêter à la pochette (le pire étant le dos, illisible, comme si un droitier avait écrit de la main gauche) - on s’en moque.

Pour son premier enregistrement, Mélina Tobiana va mettre tout le monde d’accord : les amateurs de voix profondes, soul à l’extrême, les fans de groove brûlant, les amateurs de voix sensuelles, les chercheurs de nouveauté à tout prix (le répertoire est absolument inédit), et même les orpailleurs du jazz : c’est de pépite dont on parle ici, et pas de paillettes d’or.

Si l’on excepte une des trois chansons en français (« La Charité ne suffit pas »), tout n’est que ravissement. Le titre qui ouvre l’album, « Going Down », est glaçant de beauté. Heureusement, la voix de Mélina Tobiana fait fondre la banquise. On est saisi d’emblée, car ce n’est pas tous les mois qu’on entend une telle artiste. Ceux qui en sont restés au dernier disque de Melody Gardot (qui tourne en rond) dans l’attente du prochain Diana Krall (qui a produit tant de merveilles avant de produire « tout court ») se délecteront de cette voix nouvelle, profonde, suave, « bluesy ».

L’imagination est au pouvoir, par exemple dans le « re-re » de l’autre titre en français (« L’Anniversaire »). Rien ne manque ici. Il n’y a pas seulement une chanteuse, mais aussi un groupe formidable d’énergie, d’improvisation, d’élan, d’inspiration. Le tout remarquablement capté par Philippe Tessier du Cros. Les enceintes (pourvu que l’on écoute avec un équipement digne de ce nom) nous remercient (si elles n’ont pas un mot d’excuse de l’ampli). Ma platine ne veut pas lâcher le CD, c’est dire. À cette heure, j’essaie encore de la raisonner…