Chronique

Michel Haumont

Ma guitare

Michel Haumont (g)

Label / Distribution : Bonsai Music

Pour ceux qui ne connaissent pas Michel Haumont, voici une bonne occasion de découvrir un excellent guitariste acoustique ; ceux qui connaissent déjà le musicien auront une vue d’ensemble de ses différents styles et influences, de son sens de la mélodie et de sa finesse d’interprétation. En effet, avec cet album exclusivement constitué de compositions personnelles, Michel Haumont offre une sorte de
rétrospective de ses rencontres, de ses mentors et des ondes qui ont bâti sa musique et son univers.
Ainsi, le disque se caractérise par une grande hétérogénéité : en déambulant çà et là le long du sentier musical, on trouve en vrac un morceau dans la plus pure tradition des reels celtiques (« Irish Dance »), deux morceaux inspirés par Marcel Dadi, immédiatement identifiables par les basses très marquées, alternées et étouffées (« April » et « Hall of Fame »), un titre en open-tuning en hommage à Leo Kottke (« Adirondacks »), un duo avec une joueuse de pipa (guitare chinoise), une bossa nova, un ragtime… entre autres !

Mais au-delà de cette diversité stylistique se dégagent quelques traits communs :
l’interprétation est d’une précision exemplaire, brillante sur « Adirondacks » qui est basé sur un jeu legato grâce à la résonance des cordes à vide permise par l’accordage utilisé (tuning DGDGBD, précisément), ludique sur « Bostonian Rag », où le contraste entre les basse étouffées et le thème très clair est irréprochable. Par ailleurs, Michel Haumont a accompagné des grands de la variété francophone (Gilbert Lafaille, Maxime Le Forestier, Julien Clerc, George Moustaki) et l’influence de ce style est ici sensible : les compositions sont assez courtes (de deux à trois minutes) mais dotées de mélodies particulièrement construites et riches, qui s’immiscent irrésistiblement dans l’esprit de l’auditeur.

Au final, la virtuosité est indéniablement présente (il suffit pour s’en convaincre d’écouter « Sur le Pouce »), mais la richesse et la simplicité naturelle des thèmes est telle que cette dextérité en devient l’humble serviteur. Et l’on pense musique avant de penser guitare.