Scènes

Nguyên Lê en solo à la galerie

La galerie Espace Liberté à Crest propose exposition et concerts.


Du 10 septembre au 23 octobre 2022, la galerie Espace Liberté à Crest (Drôme) accueillait l’exposition Jazz, Itinéraires et Déchirures, fruit d’un travail de recherche éminemment créatif et poétique du photographe Christophe Charpenel, mêlant de façon particulièrement originale images et collages au milieu de couleurs, de formes et de matières. L’occasion, pour l’artiste visuel, d’inviter des amis musiciens à donner une dimension sonore à son œuvre picturale lors de trois soirées concerts exceptionnelles.

Nguyên Lê © Charpenel

C’est dans ce cadre inhabituel que Nguyên Lê s’est produit, le 14 octobre, seul, avec une simple guitare électrique et quelques effets électroniques, uniquement accompagné par les projections spectrales issues des photographies de Christophe Charpenel mises en scène par la jeune VJ Minh Boutin. Toujours attiré par les expériences inédites ainsi qu’en témoigne son parcours international, le guitariste franco-vietnamien avait pris le parti de l’improvisation complète, sans aucune prédétermination, en se laissant entièrement guider par l’émotion du moment et du lieu. Une approche totalement libre, apanage des plus grands, seuls à même de parcourir sans filet des chemins inexplorés en alliant érudition et intuition.

Et la magie a opéré instantanément. Dès les premières secondes, avec quelques notes fantomatiques sorties du néant, le public s’est laissé entraîner dans ce voyage inouï, traversant les paysages d’une incroyable variété, tantôt éthérés, tantôt tourmentés, alternant plages méditatives et cellules rythmiques aux motifs entêtants. Une toile de fond mouvante et onirique sur laquelle Nguyên Lê, à coups d’accords égrenés, fragmentés ou étirés, de notes caressées ou martelées, de longues phrases aux parfums asiatiques ou scandinaves, a empli l’espace de teintes, de lignes, d’ombres et de lumières. Tel un peintre composant une suite sans fin de tableaux intérieurs pour décrire l’infinie beauté du monde et l’indicible profondeur de l’âme.

Plus d’une heure de musique ininterrompue, de temps suspendu, qui a laissé l’auditoire en apesanteur, comme dans un rêve éveillé. Soixante-dix minutes d’évasion pure dans un univers impalpable qui résonne encore de son éclat fascinant comme le rayonnement éternel du cosmos.