Chronique

Nicolas Thys Trio

In My Tree

Nicolas Thys (b, g), Ghalia Ben Ali (voc), Jeroen Van Herzeele (ts), Steve Altenberg (d)

Label / Distribution : Igloo

Nicolas Thys, comme beaucoup de bassistes, est souvent présent comme sideman (avec Bill Carrothers, par exemple), mais beaucoup plus rarement comme leader : son dernier album, Alice’s 5 Moons, remonte à 1997. Avec In My Tree, il revient dans une formule dépouillée à la recherche de climats évocateurs.

Le trio saxophone permet généralement l’exploitation effrénée des espaces harmoniques et sonores laissés ouverts par l’absence de piano, mais tel n’est pas le propos ici. Au long des neuf plages (six compositions personnelles, trois reprises), Thys crée une musique simple : un des morceaux s’appelle même « Easy ». La magnifique chanteuse Ghalia Ben Ali, une enchanteresse à la voix pleine, délicate et flexible, intervient sur les deux premiers morceaux en les tirant vers le Moyen Orient. Au « Borhãn » dynamique succède un « Acceptance » lent, statique et spirituel, où il est question d’accepter un monde tournant au ralenti dont les contours sont dessinés par les arabesques atmosphériques de Jeroen Van Herzeele. Quelques morceaux plus tard, Ben Ali revient, mais dans un registre plus occidental et pop. Les influences pop ou rock, justement, se font sentir sur les reprises : « I’m Calling You », « Bordeline » ou « Old Man » (de Neil Young).

Van Herzeele reste toujours proche des mélodies simples aux notes longues et aux ambiances tantôt ensoleillées, tantôt contemplatives ; Steve Altenberg est délicat ou insistant, métronomique ou rubato, économe ou expressif, quand il le faut ; on attend 36 minutes avant que le leader se mette en avant. Les trois musiciens n’en font pas assez pour éblouir (ce n’est que sur le tout dernier morceau que le saxophoniste se permet quelques libertés), et les compositions ne renverront pas les théoriciens de l’harmonie à leurs études (quand l’écriture devient un peu plus compliquée, comme sur « Blessed and Sinful », ce n’est que le résultat de la concaténation d’éléments basiques) : Thys préfère chercher l’émerveillement de la simplicité, tel qu’il l’exprime sur la pochette intérieure : « Je considère chaque respiration comme une prière. » On respire tranquillement, et c’est bien ainsi.