
Lazarevitch, Sluijs, Thys, Verbruggen
Free Four
Serge Lazarevitch (elg), Ben Sluijs (s, fl), Nicolas Thys (b), Teun Verbruggen (dm).
Label / Distribution : RAT Records
Ce disque est l’aboutissement logique d’une reconfiguration des combinaisons instrumentales. On trouve à l’origine le trio Free Three mené par le guitariste français Serge Lazarevitch aux côtés de ses compagnons belges, le batteur Teun Verbruggen et le bassiste Nicolas Thys dont un disque du même nom a laissé un souvenir en 2016 sur le label Igloo. Quatre ans plus tard, en 2020, sort Still Three, Still Free sur le label Rat Records, toujours en trio mais avec en lieu et place de la basse, le saxophoniste et flûtiste Ben Sluijs. Voilà donc que se résout en 2024, et quasiment une décennie après, la quadrature du cercle puisque le trio variable devient un quartet réunissant les mêmes personnalités qui défendent avec évidence les mêmes esthétiques. Celles d’un jazz issu des années 70-80, celui d’Abercrombie par exemple pour citer un autre guitariste, à la forme ouverte et dans laquelle chacun peut s’exprimer sans entrave mais avec une attention entière portée à la mélodie teintée de mélancolie aux couleurs bleutées.
La guitare électrique au son clair pose des ambiances délicates, égrenant les accords qui génèrent de l’espace et se liant à un basse discrète qui tient lieu de fondation au trio. Sur ces climats pulsatiles, discrètement soutenus par une batterie délicate, vient alors se poser un saxophone d’une clarté notable, ou plus occasionnellement une flûte, qui chante avec pudeur une suite de pièces personnelles ainsi que des compositions empruntées à un nuancier d’auteurs qui définissent le périmètre d’action du quartet (Ligeti, Ornette, Lee Konitz) .
Rien de systématique dans la construction du son, les musiciens privilégient l’atmosphère induite par le titre tout en laissant le soin du lead à la proposition la plus juste. Avec un lyrisme humble, l’alternance des interventions - et les nombreuses variations qu’elles induisent - renouvelle l’écoute. La limpidité de ce quartet qui semble s’effacer au fur et à mesure qu’il joue offre ainsi des moments en suspens sur un répertoire plus contrasté qu’il n’y paraît. On y revient volontiers.