Chronique

Olivier Renault

Son House

Label / Distribution : Le Mot et le Reste

Spécialiste du blues, Olivier Renault a déjà signé chez Le Mot et le Reste une biographie de John Lee Hooker. Cette fois, il s’attaque à une légende, Son House.
La vie de celui-ci commence en 1902 pour finir en 1988 et ne manque pas de rebondissements. Olivier Renault retrace donc cette épopée en s’appuyant sur une somme de documents, soit pour préciser des informations éparses et hasardeuses, soit pour corriger des erreurs flagrantes voire volontaires.

Car, de pasteur à bluesman, le personnage est croquant. Sur un ton mi-scientifique (beaucoup de notes de bas de page), mi-amusé (il s’étonne souvent de la teneur des anecdotes invraisemblables qui forgent la légende du blues), Olivier Renault ne se départit jamais de son humour.
Parfois, c’est sur un ton critique qu’il relate les faits. Notamment la relation entre le fameux Alan Lomax et Son House. Le premier ayant enregistré le second en sachant qu’il tenait là une perle rare mais sans jamais l’aider. Lomax semble moins sympathique désormais…

Le livre suit (tente de suivre) la vie de Son House (qui avait tendance à disparaître) en conservant un ordre plus ou moins chronologique. La dernière partie est consacrée à l’analyse des disques et des concerts que fait le musicien, à partir de 1965, lors de sa « redécouverte ».
Puis la fin de sa vie, entre 1974 et 1988, est racontée avec un brin de tristesse, perceptible. Le musicien est malade, atteint de démence alcoolique.
Cette biographie est extrêmement complète et précise, son auteur garde une distance avec le sujet qui évite de tomber dans l’hagiographie et elle a le mérite de remettre au centre de l’histoire du blues celui qui a grandement contribué à son expansion. Car sans Son House, les vies de Robert Johnson, Muddy Waters et Howlin’ Wolf seraient différentes.