Chronique

Pink Turtle

Pop in Swing

Patrick Bacqueville (voc, tb) ; Christophe Davot (voc, g) ; Michel Bonnet (tp, bugle, voc) ; Pierre-Louis Cas (ts, fl, cl, voc) ; Jean-Marc Montaut (p, voc, triangle) ; Laurent Vanhée (cb, voc) ; Stéphane Roger (dms, washboard, voc)

Label / Distribution : Frémeaux & Associés

« Le jazz, je connais pas trop, mais j’aime pas ». Combien de fois avez-vous déjà entendu cette sentence définitive prononcée par un collègue, un proche ou un ami ? Vous avez à maintes reprises revêtu votre casquette de pédagogue, essayant de convertir à l’alchimie du jazz ces âmes en perdition. Une simple écoute de Kind of Blue de Miles Davis a suffi à ramener dans le droit chemin les esprits les moins réticents. Pour d’autres, il a fallu davantage de douceur, avec Ballads de Coltrane ou encore l’éternel Getz/Gilberto qui rendit célèbre « Girl From Ipanema », « Desafinado » et autres standards de la bossa nova. Mais il restait quelques irréductibles, hermétiques à toutes vos tentatives. Pour ceux-là, il était indispensable de trouver l’arme définitive, le pont qui les mènerait inéluctablement au jazz. Et vous avez enfin trouvé : « Pop in Swing » des Pink Turtle, passerelle idéale entre pop, rock et jazz.

Le groupe est composé de sept musiciens chanteurs qui réinterprètent dans des arrangements typiquement « swing » treize titres plus que célèbres, treize tubes [1] qui ont fait plusieurs fois le tour de la planète. Le choix du répertoire est pour le moins ambitieux mais le résultat à la hauteur : chaque morceau est l’objet d’un arrangement poussé, tant au niveau vocal - avec des chants à plusieurs voix et des choeurs - qu’instrumental, que ce soit à la manière d’un « big band » ou via une approche plus intimiste. Chacun aura ses préférences mais tout le monde y trouvera son compte, d’un « Walk On the Wild Side » clarinette en avant, sauce New-Orleans, à un « Smoke on the Water » dont le final aurait eu toute sa place dans la Revue nègre.

Pop in Swing, ludique et joyeux, parvient à rester accessible sans se prendre au sérieux mais en respectant une haut niveau artistique.

par Arnaud Stefani // Publié le 1er décembre 2008

[1« How Deep Is Your Love » des Bee Gees, « Walk on the Wild Side » de Lou Reed, « Smoke on the Water » de Deep Purple, « Logical Song » de Supertramp, « Hotel California » des Eagles, « Money » et « Another Brick in the Wall » de Pink Floyd, « Everybreath You Take » de Police, « Highway To Hell » d’AC/DC, « Love Is All » de Roger Glover, « We Are the Champions » de Queen, « Owner of A Lonely Heart » de Yes et « Don’t Know Why » de Norah Jones