Chronique

RockingChair

Airelle Besson et Sylvain Rifflet quintet

Label / Distribution : Chief Inspector

Si on aime les labels indépendants, on ne peut que suivre de très près le travail de Chief Inspector, né en 2003 de la détermination de Nicolas Netter et Olivier Pellerin. Les musiciens qui participent à l’aventure étant tous jeunes et bien ancrés dans leur époque, on ne sera pas surpris de voir la tribu s’agrandir d’un nouveau groupe, mené par le « couple » Airelle Besson/Sylvain Rifflet, découvert pour notre part au Tremplin Jazz d’Avignon en 2004.

Un quintette acoustique soutenu, renforcé par le travail sur le son de Gilles Olivesi qui sculpte et prolonge en concert, par des effets dont il a le secret, les textures et couleurs de chaque instrumentiste. Un son spatial, mais pas nécessairement rock sur les tendre « Duo », ou « Eternité ». Du jazz ? Assurément mais pas seulement, car croisé d’autres influences (il s’avère percussif et exotique sur ce « Fly away » qu nousi emmène ailleurs, ou ce « Désert » un peu mélancolique.)

Une douceur un peu lunaire, une fluidité qui s’enroule, se déroule, s’étire… et pourtant ce Rocking chair n’incite pas à la paresse. Ce serait compter sans la belle énergie rock du contrebassiste Eric Jacot et du batteur Nicolas Larmignat, qui interviennent souvent de façon progressive comme sur le final - évidemment déferlant - de « Tsunami ».

Contrastes marqués entre les timbres, associations superposées, strates empilées comme sur le « Boo Boo » inaugural, ruptures de rythme, échappées fulgurantes… Tout cela n’empêche pas l’album de démontrer une réelle cohésion, apportée peut-être par les soufflants, qui maintiennent le cap de leurs compositions.

Airelle Besson a, à la trompette, un phrasé souple et délié, délicatement effusif (« Mai-ion »), doucement lyrique dans les solos ; Sylvain Rifflet, aux saxophones, l’équilibre, complémentaire, offensif et tranchant (« Wee Wee »). Par ailleurs, il a composé un petit thème à la clarinette qui s’insinue et persiste dans la mémoire… contrairement au titre malicieux « Forget It » ! Dans l’une et l’autre de ces compositions, le guitariste Pierre Durand accompagne, relance l’échange avec grâce.

Une esthétique nouvelle ? En tous les cas un climat insolite qui s’installe ; cette musique rassemble - c’est déjà beaucoup - en flirtant avec jazz et rock, électronique et acoustique, et en évitant le piège des classifications hâtives. Plus complexe qu’il n’y paraît à la première écoute. Et c’est cela que l’on retient…