Réunir un nonet de jazz aujourd’hui relève du défi. En matière de logistique évidemment, de budget mais aussi en matière d’écriture : il n’est pas si évident de composer et d’arranger des partitions pour un orchestre de cette taille. C’est pourtant ce que réussit vaillamment Valtteri Laurell Pöyhönen dans son disque Tigers Are Better Looking. Le guitariste finlandais basé à Berlin, habitué des grandes formations (il dirige également le Ricky-Tick Big Band, un orchestre de dix-sept musiciens), a composé le répertoire de l’album autour de la clarinette du très classique Antti Sarpila, icône finlandaise d’un jazz old school.
Celui-ci enchaîne les chorus dans un style qui pourrait paraître un peu suranné, s’il n’était soutenu par le tapis harmonieux des timbres des autres soufflants (trompette, saxophones (alto, ténor, baryton), trombone) et par une rythmique aux petits oignons maintenant constamment un swing parfait. S’inspirant d’un jazz cool qui lorgnerait vers Miles Davis ou Gerry Mulligan, les six compositions que compte l’album affirment une musique élégante et ouvragée. Du jazz classique, certes, mais décalé et rafraîchissant.