Chronique

Christian Mc Bride Band

Vertical Vision

Christian Mc Bride (b.), Ron Blake (s.), Geoffrey Keezer (p. & kbd.), Terreon Gully (dr.), David Gilmore (gt.), Danny Sadownick (perc.)

Label / Distribution : Warner Bros.

Il est des anniversaires que l’on n’oublie pas.

Ainsi celui de Jaco Pastorius, bassiste légendaire qui, l’année où ce que nous appelions alors la gauche arrivait au pouvoir pour la troisième fois dans le siècle, fêtait ses trente ans entouré des meilleurs sidemen du moment, dans un concert historique dont l’enregistrement ne sera produit qu’en 1995 par le batteur Peter Erskine.

Trente ans, c’est également l’âge de Christian Mc Bride. Et de nos jours, être bassiste, avoir trente ans, et être a fortiori américain suppose que l’on a réglé ses comptes avec l’incontournable legs du maître.

Mais ce n’est certainement pas dévaloriser cet album que de le placer dans la perspective de la révolution opérée par Pastorius et Weather Report au début des années 80 : exception faite du dernier titre - une reprise du « Boogie Woogie Waltz » de Joe Zawinul - il ne s’agit ni d’un hommage, ni d’un tribut, mais de l’appropriation réussie d’un pan de l’histoire du jazz moderne par un leader dynamique, efficace dans son écriture comme dans son jeu, que nous voyons gagner ici le double pari de la cohésion d’un groupe et de la cohérence d’une proposition artistique.

Un talent singulier, à un moment de l’histoire de cette musique où une certaine forme de rationalité - celle du retour sur investissement des majors - tendrait plutôt à favoriser l’émergence sans cesse entretenue de solistes précoces au détriment de musiciens solides doués d’une véritable vision…