Chronique

Denis Charolles, Fred Gastard & Vincent Peirani

Melosolex

Denis Charolles (dm), Fred Gastard (saxs), Vincent Peirani (acc)

Label / Distribution : Labelouïe

Les deux tiers de la Compagnie des Musiques à Ouïr, Denis Charolles et Fred Gastard, se lancent dans un nouveau trio avec Vincent Peirani, déjà rencontré aux côtés de Vincent Lê Quang [1], Youn Sun Nah, Daniel Humair, United Colors of Sodom ou encore Louis Sclavis. Comment un tel trio peut-il bien sonner ?! Pour le découvrir, il faut se procurer cette petite galette et surtout, surtout, aller les voir en concert !

Le bien nommé « En piste », composition de Charolles, dévoile d’emblée l’équipage, parfait pour l’aventure « accordéon, saxophones, percussions », où la répartition des rôles est mouvante. La batterie sert de point d’ancrage, laissant Peirani et Gastard s’épanouir en toute liberté. Puis c’est le rock puissant et accrocheur de « Highway Star » (Deep Purple) - ou comment sonner comme un groupe de rock survitaminé en trio jazz-free-musette ! L’accordéon se permet même un solo digne d’un guitar hero… Mais on n’est pas au bout de ses surprises : Melosolex fait même valser Deep Purple ! De quoi vous achever un rockeur… L’amour n’est pas épargné, mais la reprise jubilatoire et déjantée d’Angel Cabral (« Amor de mis amores/La foule ») est surtout un prétexte pour faire danser - et découvrir une complémentarité inattendue entre Peirani et Gastard. Surprenant Melosolex, qui n’a peur de rien et sait vous emmener avec bonheur sur tous les terrains… Le trio s’attaque ensuite à l’« Allegretto » du Quatuor n°8 en ut mineur, opus 110 de Chostakovitch. Et là aussi, ça fonctionne.

Comme, d’ailleurs, ses compositions personnelles (notons un « Antonio » tout droit sorti d’un disque de Tom Waits), qui naviguent entre un jazz nourri de musiques actuelles et un folklore populaire magnifié. Grâce à la maîtrise instrumentale et à la sincérité des musiciens, ce qui pourrait être un simple collage gratuit fait la part belle au plaisir. Seul bémol : une fois qu’on a vu Melosolex sur scène, par comparaison le disque paraît un peu fade. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

par Julien Gros-Burdet // Publié le 9 février 2009

[1avec lequel il a remporté le premier prix d’orchestre au concours international de jazz de La Défense en 2003