Chronique

Lazarevitch - Sluijs - Verbruggen

Still Three, Still Free

Serge Lazarevitch (g), Ben Sluijs (as, afl), Teun Verbruggen (dms)

Label / Distribution : RAT Records

Deuxième collaboration discographique du guitariste français Serge Lazarevitch et du batteur belge Teun Verbruggen. Après Free Three paru en 2015 sur le label Igloo au côté du contrebassiste Nicolas Thys, ce nouvel enregistrement toujours en trio accueille en remplacement le saxophoniste et flûtiste Ben Sluijs (belge également). Réputé pour son esthétique délicate, ce dernier se mêle avec facilité à un univers clair-obscur sur lequel souffle toutefois un authentique vent de liberté.

Le répertoire est constitué de douze titres alternant des pièces personnelles à des hommages à Thelonious Monk, Ornette Coleman et Paul Motian. La synthèse esthétique de ces trois grandes figures du jazz américain sert de ligne d’horizon au trio qui les réinvestit à sa manière. L’attrait, notamment, pour des mélodies immédiates pose des ambiances où s’écoule un lyrisme paisible.

Agrégé autour de lignes obliques et de structures arythmiques parfois anguleuses, le trio ne verse toutefois pas dans l’abrupt, préférant valoriser la fluidité et l’interaction feutrée des échanges. L’absence de basse, qui positionne haut le champ musical, fait d’ailleurs varier les appuis en permanence au gré d’une batterie discrètement coloriste. De fait, dans un rapport libre à la structure, les idées circulent de la guitare précise et concise de Lazarevitch à la sonorité ouatée du saxophone ou de la flûte rêveuse de Sluijs.

Un rapport au collectif particulièrement souple se dégage de ce disque qui est avant tout un état d’esprit. L’attention portée à la respiration, notamment, libère un espace où se déploient les sons et plonge l’auditeur dans une forme de contemplation active. Le dernier titre, composition de François Couperin, clôt avec tendresse un moment en suspens dans lequel on replonge aussitôt avec plaisir.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 28 février 2021
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