Portrait

Les confidences d’Henri à Oslo

Henri Texier évoque ses projets imminents ainsi que quelques anecdotes vécues.


Henri Texier © Patrick Martineau

En marge de sa prestation en duo au Festival d’Oslo 2023, Henri Texier évoque ses projets imminents ainsi que quelques anecdotes vécues. Il se présente dans le hall d’hôtel, élégant et avec un sourire qui en dit long sur son envie de partager la scène quelques heures plus tard avec son collègue contrebassiste, Arild Andersen.

Henri Texier à Oslo - Août 2023 © Mario Borroni

« Mon dernier album, An Indian’s Life, à paraitre chez Label Bleu, est enregistré et sort en octobre juste avant un concert à la Cité de la Musique à la Villette. Les compositions sont toutes originales sauf une seule reprise, « Black and Blue », qui bénéficie d’un arrangement de Manu Codjia. Le groupe se compose de mes compagnons Sébastien Texier, Manu Codjia, Gautier Garrigue, formidables tous les trois, de Sylvain Rifflet, super saxophoniste, d’un trompettiste belge que j’adore et qui est très peu connu malheureusement, Carlo Nardozza, et de la chanteuse Himiko Paganotti qui est formidable ». Nous évoquons l’album Comment c’est, de Michael Mantler avec le Max Brand Ensemble, paru chez ECM en 2016, où Himiko Paganotti chantait avec noblesse et conviction.

La conversation se poursuit sur le concert inédit qui sera donné en soirée à deux contrebasses, en compagnie d’Arild Andersen.

« La première fois que j’ai rencontré Arild Andersen, ce fut en Norvège en 1968, au Festival de Molde où je venais avec le groupe de Phil Woods. Lui jouait avec Jan Garbarek et Jon Christensen. Nous avons fait connaissance et ce jour-là on s’est liés d’amitié. On s’est donné des nouvelles de temps à autre et nous nous sommes revus il y a quelques années au festival de Coutances où Arild a essayé ma contrebasse, fabriquée par Jean Auray. Tout de suite, il en a voulu une aussi ; il l’a fait faire avec une tête de lion. Il la jouera certainement ce soir ».

Henri Texier © Patrick Martineau

Henri Texier est un homme de rencontres, sa carrière en témoigne. « J’ai de beaux souvenirs, lorsque nous avons joué au Canada avec le Québécois Michel Donato et Charlie Haden, ainsi que de magnifiques moments partagés également avec Jean-François Jenny-Clark, avec Miroslav Vitous  ».

Parmi ses nombreuses réalisations communes avec des musiciens planétaires, il se souvient avec émotion de l’album franco-américain de Joe Lovano, Worlds, paru en 1989 chez Label Bleu. Capté en live à Amiens, ce disque confrontait Henri Texier à un jeune musicien qui révolutionnait la guitare, Bill Frisell. « Dans ce groupe superbe où il y avait aussi Paul Motian, Tim Hagans, Gary Valente et la chanteuse Judi Silverman, Bill Frisell m’avait fait une très forte impression avec ce son superbe. Il faut se rendre compte que l’enregistrement couvre la totalité de ce concert intense sans aucune interruption. A la même époque, Philippe Deschepper , qui jouait dans ma formation, innovait tout comme Bill Frisell ». C’est également en France qu’un guitariste considéré comme un pionnier au milieu des années soixante impressionne son monde. « Lorsque je jouais avec Georges Locatelli c’était incroyable : il reprenait Ornette Coleman à la guitare, ça ne se voyait nulle part ailleurs. Les Américains qui passaient en France n’en revenaient pas, Don Cherry était impressionné ».

Ornette Coleman résonnera de nouveau ce soir avec l’interprétation de Lonely Woman sous les doigts habiles d’Henri Texier et de son ami Arild Andersen. C’est un livre entier qui s’ouvre lorsque Henri Texier nous confie ses impressions avec une grande clarté et un plaisir partagé. La belle aventure continue avec sa nouvelle formation réunie dans ce nouvel album, An Indian’s Life.