Chronique

Mats Eilertsen trio

Sails Set

Harmen Fraanje (p), Mats Eilertsen (b), Thomas Strønen (dms)

Label / Distribution : Hubro

Figure du jazz norvégien, le contrebassiste Mats Eilertsen affiche une impressionnante discographie nonobstant son jeune âge, et des collaborations tout azimut. On l’a en effet remarqué sur la scène scandinave au sein de la bondissante formation The Source du tromboniste Øyvind Brække, avec la chanteuse Solveig Slettahjell, ou encore au côté du saxophoniste américain Sonny Simons sur l’émouvant Last Man Standing. Ici en compagnie du pianiste Harmen Fraanje, déjà entendu aux côtés de Michael Moore, et du très percussionniste Thomas Strønen, il propose une musique absolument improvisée, tout en conservant des structures mélodiques rigides proches de la pop (« Sails Set ») malgré leur luxuriance.

Sails Set est le deuxième disque de ce trio après Elegy (2010), déjà paru chez Hubro. Acteur prépondérant de la scène scandinave, ce label norvégien suit Eilertsen dans la plupart de ses aventures, tant en quartet (Radio Yonder) qu’en quintet (SkyDrive). Chaque courte pièce tente de retranscrire une ambiance, une impression fugace (voir l’échange ténu entre contrebasse et cymbales sur le gracieux « Lunar Light »). La relation charnelle entre les deux improvisateurs est l’axe central de cet Sails Set. Le piano, souvent doublé de syllabes que Fraanje souffle comme pour mieux s’abandonner à la spontanéité de son chant, apporte une lumière vacillante à cet album. Sails Set fait d’ailleurs songer à l’aube par son calme apparent, que vient à peine troubler le pétillement des interactions.

C’est tout le propos d’« Orbiting », où le moindre geste se traduit par une multitude de cliquetis et de mouvements dans une musicalité omniprésente. On appréciera également, sur « Stone and Sand », le solo de contrebasse ; il témoigne d’un rapport très charnel à l’instrument. De fait, Sails Set se clôt sur « Alone », court morceau sur lequel le leader laisse espérer avec gourmandise de futures expériences en solo.