Chronique

Alboran Trio

Near Gale

Paolo Paliaga (p), Dino Contenti (b), Gigi Biolcati (dm)

Label / Distribution : ACT

La formule classique piano-contrebasse-batterie suscite un regain d’intérêt chez les jazzmen depuis quelques années. L’Alboran Trio en est un exemple parfait, qui combine de manière maîtrisée jazz traditionnel et éléments de musique du monde.

Ici les idées les plus simples se combinent à merveille aux plus complexes grâce à l’aisance et l’assurance de l’interprétation. La musique se veut hors du temps, ouverte aux différentes approches du jazz. Near Gale, c’est le niveau de puissance du vent peu avant la tempête sur l’échelle de Beaufort. Un vent méditerranéen, chaud et puissant, chargé des milliers de particules rencontrées au passage – image idéale pour qualifier la richesse de ce trio qui ose se démarquer alors que la formation en elle-même est banale. Les compositions sont de Paolo Paliaga mais la musique sonne collective, Dino Contenti (contrebasse) et Gigi Biolcati (batterie) étant tout à fait complémentaires. Par la profondeur des mélodies, elle explore de nouveaux chemins. Le son - très expressif - des cordes étouffées et bloquées du piano sur « Autumn Mist », accompagnées par les pulsations légères de Biolcati, titille l’imaginaire. Notons la finesse et la palette variée du batteur, notamment sur « Delle Cose Nascoste » et « Rock In The Dark » et les percussions africaines sur « Also Sprach Raul » et « Pow Wow » ; encore une invitation au voyage… Les très chantants « Seguendo Il Filo » et « Fuori Stagione » évoquent, eux, l’univers d’Esbjörn Svensson Trio (les improvisations à l’archet d’« Invariable Geometries ») tandis qu’ailleurs, on pense à Bobo Stensson ou Tord Gustavsen.

Near Gale propose une musique sans concession, ponctuée de pauses et de silences riches en tensions, de solos introspectifs et de rythmes discrets, le tout en adéquation avec les thèmes qui se dessinent peu à peu en jouant sur l’émotion et un certain intimisme qui va droit au cœur.