Antonio Farao est un pianiste compétitif. C’est pourquoi il a remporté le fameux prix Martial Solal, départ d’une carrière marquée par de nombreux disques, la plupart en trio, tous accompagnés par des sidemen de haute volée. Le problème avec les compétiteurs, c’est qu’ils sont un peu tendus, pressés. Et quand ils sont aussi musiciens, leur musique aussi manque d’air. De ce fait, jusqu’à présent, les disques de l’Italien provoquaient des sentiments mélangés : l’admiration pour les qualités pianistiques et la maîtrise, mais la déception devant une musique qui tournait un peu à vide.
Avec ce Woman’s Perfume s’amorce un changement. Sur le titre qui donne son nom au disque, tiré de la musique du film de Dino Risi [1], comme sur « Faustina », on perçoit un lyrisme plus épanoui. Reste à donner aux accompagnauteurs un rôle plus égalitaire (les excellents André Ceccarelli et Dominique Di Piazza le mériteraient), et à prendre le temps de développer les idées. Moyennant quoi on pourrait bien tenir là un pianiste de calibre, un de plus au pays des Pieranunzi et des Bollani.