Chronique

Benjamin Moussay

Mobile

Benjamin Moussay (p), Arnault Cuisinier (b), Luc Isenmann (d)

Label / Distribution : Iris-Music

Le Benjamin Moussay Trio ne date pas d’aujourd’hui, puisque c’est en 1990 que Benjamin Moussay commence à jouer en compagnie de Luc Isenmann ; ils seront rejoints en 1994 par le contrebassiste Arnault Cuisinier. Depuis, les concerts se succèdent à un rythme effréné - en France, bien sûr, mais également dans le reste de l’Europe, au Proche-Orient, aux Etats-Unis… Même si le trio est connu du milieu et fréquemment sollicité pour accompagner des solistes, que ce soit Glenn Ferris, Louis Sclavis ou François Jeanneau, il faudra attendre 2003 pour que le trio sorte un premier disque : Mobile.

Mobile s’articule autour de dix compositions originales, dont huit de Benjamin Moussay et deux d’Arnault Cuisinier. Pendant que B. Moussay tisse ses variations avec finesse et précision, la section rythmique l’accompagne subtilement en ne prenant que de rares solos. Arnault Cuisinier assure la stabilité rythmique de belle manière, et on sent une grande connivence entre L. Isenmann et le pianiste, particulièrement flagrante dans « Fleur bleue », « Les mouches » ou « Les cloches ».

Les thèmes sont mélodieux sans jamais tomber dans la facilité car le Benjamin Moussay Trio affectionne les discontinuités rythmiques et mélodiques. Par exemple, la jolie « Fleur bleue » se retrouve vite prise dans la tempête des cymbales de Luc Isenmann. « Balthazar » s’avance d’abord à coup de petites phrases, avant de s’élancer dans une variation pleine de groove. Ou encore « Les mouches » qui, après un décollage saccadé, s’envolent pour un vol mouvementé. Sans oublier « Billy the Kid » qui démarre avec des accents folk à la Keith Jarrett, puis continue sa route dans un langage plus classique. Les ballades comme « Asia », « Jeux d’illusions » et « Souvenirs », où Arnault Cuisinier passe à l’archet, dégagent une délicate nostalgie parfois un peu trop lisse.

Benjamin Moussay et ses compagnons aiment aussi les motifs ternaires comme dans « La bonde mystérieuse » (sic !) ou « Tristan », deux morceaux au groove entraînant qui nous apportent presque un petit parfum des îles. Dans « Les cloches », clin d’œil à ACDC d’après Iris-Music, le rythme prend vraiment le pas sur la mélodie avec une introduction de L. Isenmann aux tambours, un jeu de B. Moussay avec les cordes du piano et des figures répétitives à la main gauche en parallèle avec A. Cuisinier.

Pareil à une brise printanière, le souffle délicat du Benjamin Mousay Trio agite le mobile qui tintinnabule joliment sur la véranda…