Chet Nuneta

Les oreilles curieuses qui se souviennent du Chet Nuneta d’il y a dix ans, produit par Christian Olivier des Têtes Raides, seront heureux de retrouver l’orchestre dans Agora. Cette collection de chants migratoires nous transporte du Maroc au Japon et d’Afrique du Sud jusqu’en Bulgarie, où les voix féminines trouvent nécessairement un écho particulier (« Kat Goneno »). Pourtant la formation, clairement inscrite dans la musique traditionnelle, a changé : s’il reste Lilia Ruocco, âme italienne de ces chanteuses voyageuses, elle a ouvert Chet Nuneta à d’autres Européennes, mais aussi au percussionniste Fouad Achkir qui donne également de la voix. Agora est un disque brillant et vagabond qui explore le monde avec passion. Peut-être manque-t-il la mise en danger de l’improvisation et de l’errance propre à un groupe comme Odeïa ; mais Chet Nuneta cartographie à merveille la chanson polyphonique avec un goût toujours intact pour l’altérité.