Tribune

Chronique d’une fermeture annoncée ?


Chronique d’une fermeture annoncée ?

Nice, Cave Romagnan, samedi 20 mars 2010 : il est 23 heures, le groupe Sashird Lao vient de terminer le troisième et dernier set de l’ultime concert officiellement toléré dans l’un des rares lieux conviviaux et abordables de la ville. Une soirée historique, fortement contrastée, où le public aura hésité entre la joie, le plaisir et la bonne humeur générés par ce trio phénoménal et la tristesse ressentie par tous, due au contexte lugubre de l’imminente interdiction qui est faite à Manu de produire désormais de la musique vivante en ce lieu.

Manu Linares, humain, sincère et humble, locataire des lieux, a une passion : la musique en général et le Jazz en particulier. Depuis presque dix ans il anime son modeste bistrot du quartier de la Gare à Nice par des soirées de musique improvisée. Un concert par semaine : ce rite hebdomadaire aura permis à la fine fleur du jazz local mais aussi à des musiciens de tous horizons et de tous niveaux de se rencontrer, de se faire connaître, d’échanger. Le bar de Manu était devenu un lieu de convivialité comme, apparemment, on n’en fera plus.

Photo : Ripodesign.com

Harcelé par un individu irritable, à la recherche désespérée d’une conciliation, Manu aura tout fait pour se plier aux exigences du voisinage. Investissement dans un limiteur de bruit — achat très lourd pour un petit bar de quartier — et révision à la baisse de la durée des concerts : rien de tout cela n’a suffi à la partie adverse.
L’ultimatum, fixé au 25 mars, arrive à expiration et Manu ne veut pas risquer la dénonciation de son bail par un nouveau propriétaire, aussi menaçant qu’anonyme.

Un groupe de soutien [1] s’est créé, grâce auquel circule une pétition que l’on peut encore signer et faire connaître.

Ont-ils une chance d’exister aujourd’hui, ces lieux vrais de mixité sociale où le fameux « vivre ensemble » devient une réalité naturelle et spontanée, sans coûter un euro au contribuable ? On peut, hélas, en douter. Concrètement, il s’agit là d’un problème entre particuliers, certes, mais bien inquiétant pour l’avenir de la belle Cité azuréenne. À tel point que les élus de tous bords ont promis de défendre ce lieu et son activité lors du prochain Conseil municipal.

Le dire c’est bien, le faire c’est mieux. À suivre…