Scènes

Avant le Nice Jazz Festival 2011


Programme de la première soirée (vendredi 8 juillet)

Downtown (things will be great when you’re…)

Tout nouveau, tout beau, le festival niçois a pris ses nouveaux quartiers « downtown », face à la mer et autour de la Place Masséna, en plein cœur de ville. Cette année, les prix d’entrée sont nettement à la baisse et l’accès, à pied, en bus ou par le tramway (parkings pour les voitures) est facilité. L’affiche du « On » est de très grande qualité et un copieux « Off Jazz » (entrée libre) promet de faire vibrer la cité entière au(x) son(s) de notre musique préférée. Cette animation fait la part belle aux groupes locaux et ce n’est que justice vu l’effort des musiciens niçois tout au long de l’année. On regrettera toutefois l’oubli de l’un des meilleurs musiciens azuréens, Jean-Marc Jafet, absent des listes. Ni « On » ni « Off » : nul n’est prophète…

NJO © RipoDesign

Exit donc, les Arènes de Cimiez. Les nostalgiques regrettent déjà ce cadre incomparable. Ils ont un peu vite oublié les problèmes de stationnement, l’animosité des riverains de ce quartier résidentiel, et enfin le splendide isolement de cette colline historique sitôt les concerts terminés. Cette année, ce sont ses racines historiques que le Jazz retrouve à Nice. En effet, le premier festival international de Jazz au monde (Nice, du 22 au 28 février 1948) se déroula le long de la Baie des Anges, au Casino Municipal, à l’Opéra et à l’Hôtel Negresco. Le Théâtre de Verdure, au centre presque exact de ce triangle historique, est connu pour avoir été un haut lieu des concerts rock durant les années 80. C’est oublier qu’il a aussi accueilli Ella Fitzgerald avant « l’ère George Wein-Simone Ginibre » et la fameuse Grande Parade du Jazz, qui investit durablement les pierres romaines et les Jardins de « Cemenelum » (nom latin de la colline de Cimiez).

Trésor national vivant

« Never Look Back », devise de Miles Davis. Mais un peu tout de même : la première soirée du Nice Jazz Festival verra sur ses deux scènes un hommage latent au grand trompettiste, disparu depuis maintenant vingt ans. Son image planera notamment autour du Nice Jazz Orchestra, parfaite machine à swing qui présentera son tout nouvel album Festival (Cristal Records, distr. Harmonia Mundi), « Révélation Jazz Magazine »). Le « NJO » s’est construit sur la charpente du Big Band du regretté pianiste Roland Ronchaud. Il réunit un florilège de musiciens, dont beaucoup ont une activité artistique et/ou pédagogique (notamment au Conservatoire de Nice). L’un des solistes de l’orchestre n’était autre que François Chassagnite, décédé récemment, et à qui l’album et le concert sont dédiés.

NJO © RipoDesign - Au centre : le regretté François Chassagnite

À la baguette, l’excellent instrumentiste (sax, flûte) et arrangeur Pierre Bertrand, azuréen de naissance, bien connu pour avoir créé, avec Nicolas Folmer, le « Paris Jazz Big Band ». Le NJO accompagnera Michel Legrand, notre Quincy Jones à nous, et distillera quelques extraits d’une œuvre immense, qui court sur près de soixante ans. Ce « trésor national vivant » a régulièrement côtoyé le grand Miles, depuis Legrand Jazz (1958) jusqu’à Dingo (1991). Tout comme Gil Evans, « le Prince de la Nuit » le tenait en grande estime pour ses immenses talents d’orchestrateur. Michel Legrand est aussi un compositeur comblé et mondialement reconnu.
Il sera au piano, mais pourrait bien ne pas chanter car c’est la divine Roberta Gambarini, révélée naguère par Hank Jones, qui lui laissera le micro.

« - We miss you Miles… - Play the tape, John. »

Avant de fonder le Mahavishnu Orchestra, l’immense John McLaughlin, respecté de tous les guitaristes sérieux et « parrain » de cette édition, apparaît sur trois albums de Miles Davis : In A Silent Way, Bitches Brew et A Tribute to Jack Johnson. Fidèle à Tony Williams, qui l’avait fait venir de Grande-Bretagne, Gentleman John refusa les offres de Miles, qui le regrettera toute sa vie. Ce dernier voyait en lui une alternative à Jimi Hendrix et « John McLaughlin » est le titre d’un des thèmes de Bitches Brew… Le nouvel avatar de cet homme épris de mysticisme et passionné de cultures indienne et asiatique se nomme « The 4th Dimension ». Le récent album (To The One), dédié à… John Coltrane, réunit aujourd’hui, autour du maestro Gary Husband (claviers, batterie), Étienne M’Bappé (basse électrique) et Ranjit Barot (batterie), qui remplace Mark Mondesir.

John McLaughlin © RipoDesign

Enfants de Miles

Présents le même soir que ces deux illustres « alter ego », deux anciens « salariés » de Miles : Mike « Fat Time » Stern, qu’on ne présente plus. Le virtuose à la Telecaster vient ici en duo avec l’un des héritiers de Stéphane Grappelli : Didier Lockwood. Tous deux seront soutenus par une rythmique de titane : Tom Kennedy (basse électrique) et Dave Weckl (batterie).

Rick Margitza © RipoDesign

Enfin, Rick Margitza. Ce dernier, qui officia un « été 89 » dans l’ombre du grand Miles (le public niçois le découvrit ainsi à la Grande Parade du Jazz), nous propose aujourd’hui de revisiter — excusez du peu — le légendaire Kind of Blue de 1958. Ce ténor inspiré, dont on a pu admirer le lyrisme sur scène ces derniers temps (avec Pierre de Bethmann et les frères Moutin) s’est entouré ici de « pointures » nationales : les excellents Alex Tassel (trompette), Pierrick Pédron (sax alto), Baptiste Trotignon (piano), Jérôme Regard (contrebasse) et Julien Charlet (batterie). Miam !

À suivre…