Chronique

Compilations Frémeaux

V. A.

Label / Distribution : Frémeaux & Associés


DINAH WASHINGTON - La Reine/The Queen - 1943-1957

Il est toujours bon de jeter une oreille sur le passé sans qui (cliché) le présent ne serait pas ce qu’il est. Dans ces quatre coffrets réalisés par des pointures et avec abondance de photos et informations bio-discographiques pointus, on n’a cesse de s’ébaubir devant telle ou telle interprétation, on se remémore la voix de Dinah Washington (1924-1963), son attachement à perpétuer la magie du blues et sa trop courte et très tumultueuse existence, associée à Lionel Hampton, Quincy Jones et de nombreux jazzmen de prestige.

On appréciera plus particulièrement « My Lovin’ Papa » en compagnie du Lucky Thompson All-Stars avec des jeunots tels Charles Mingus et Milton Jackson, un « Resolution Blues », accompagnement du Cootie Williams Orchestra en 1947, ainsi que ce « I Cried For You » et son fameux « Am I Blue » avec les saxophones ténor de Paul Gonsalves et Paul Quinichette.

Du beau travail réalisé par un connaisseur, Jean Buzelin (direction artistique, discographie et livret) en souvenir de cette Reine de l’art vocal afro-américain.


THE BEST SMALL JAZZ BANDS 1936-1955

Au cours de sa période dite classique, le jazz fut bien représenté par une kyrielle de petites formations qui, dixit Patrick Frémeaux « propagèrent avec succès les vertus essentielles de l’improvisation et permirent aux meilleurs solistes de s’exprimer librement sans les contraintes imposées par les big bands », par exemple dans le coffret The Best Small Jazz Bands 1936-1955 - 36 titres tout aussi convaincants les uns que les autres.

Bien entendu, on retrouve les grands noms : Fats Waller, Lionel Hampton, Art Tatum, T-Bone Walker, Louis Armstrong, Johnny Hodges, Fats Domino mais aussi des solistes ou orchestres moins connus tels Gene Sedric, John Kirby, Eddie Heywood, Joe Thomas, Tab Smith, Tiny Grimes, Buster Bailey, Amos Milburn… Rien que du beau monde.

Emouvant, réjouissant, frais, chaleureux aussi.

(direction artistique, texte livret, discographie : Jacques Morgantini).


JAZZMEN PLAY THE BLUES 1923 - 1957

Les plus grands jazzmen ont toujours ménagé une place privilégiée au blues, mode d’expression de la communauté noire américaine, et s’en sont souvent révélés des interprètes inspirés ; c’est ici Jazzmen Play the Blues.

Comment ne pas ressentir un peu de nostalgie, voire beaucoup d’émotion, en réécoutant Tommy Ladnier, Sidney Bechet et Mezz Mezzrow dans ce « Really the Blues » enregistré en 1938 ? Certes, le choix de J. Morgantini comporte des thèmes et interprétations fort connus ; il n’empêche : c’est un un réel plaisir que de les entendre assemblés avec quelques plages plus rares (« One Nighter Blues » par Ben Webster + Johnny Otis, le discours si particulier de Rex Stewart sur « Jug Blues, Long Gone Part. 2 » par Eddie Chamblee with Sonny Thomson ou le « Rockin’ the Blues Away » du guitariste Tiny Grimes avec Red Prysock, saxophoniste méconnu).

Un sacré coup de blues, un vrai !


RADIO JAZZ - The Best Broadcasts 1937-1953

On sait que la radio est pour beaucoup dans la diffusion du jazz. C’est ainsi que grâce à des émissions spécifiques de nombreux témoignages nous sont parvenus, ainsi d’ailleurs que par les V-discs (je me souviens de celui que m’avait offert Joe Louis, champion du monde de boxe en août 44 [1]). C’est ainsi que Morgantini (toujours lui) a collecté quarante interprétations captées en radio entre 1937 et 1954 sous le titre Radio Jazz, the Best Broadcasts, le plus souvent à partir des grands clubs ou hôtels de grandes villes (Cotton Club, Savoy, Waldorf Astoria, Famous Door…) ; on pense inévitablement au merveilleux film de Woody Allen Radio Days. Ah, Basie, Calloway, Ellington, Hampton, Erskine Hawkins, Lunceford, Chick Webb en direct « live »…

C’était aussi fait pour les danseurs ! Alors maintenant encore, écoutez et dansez !