Chronique

Diederik Wissels

Together

Diederik Wissels (p)

Label / Distribution : Nemo

À l’écoute des premières notes de Together, on imagine un lever de soleil sur la vallée. On y ressent presque la rosée et le vent encore frais. C’est comme un grand bol d’air pur que l’on se prend dans les oreilles. Avec « Abraxis », qui ouvre l’album, Diederik Wissels semble se libérer et s’ouvrir. On le sent enfin prêt à raconter sa musique, enfin prêt à raconter son histoire, comme l’on fait une confidence à un ami.

Seul au piano, son jeu est relâché, confiant, détendu… Comme apaisé.
Wissels dévoile ici dix-sept morceaux, écrits ou improvisés, avec toutes les nuances des états d’âme tantôt rieurs, tantôt rêveurs.

Régulièrement, comme des respirations, de courtes pièces ponctuent les différentes humeurs, d’une sincérité touchante, offertes par le pianiste.
Dans ces instants suspendus, on dirait qu’il reprend son souffle, ou son élan, avant de nous conter une nouvelle histoire.
Wissels met de côté tout intellectualisme ou exercice de style trop appuyé et laisse plutôt éclater ses émotions. Jamais il ne triche ni ne cache son bonheur de s’exprimer en toute franchise. Même l’introspection musicale est ici développée dans une perspective positive.

Seul devant son clavier, Diederik Wissels a envie de partage, c’est évident. Ce n’est pas pour rien qu’il a intitulé son album Together.
Au travers de ce disque, il se livre tel qu’il est. Et l’on retrouve, parsemées ici et là, ses influences majeures, passant de Art Tatum à Chopin ou Monpou, sans oublier une pointe de Keith Jarrett ou de musique latine.
Le geste est toujours souple, le touché délicat et précis.
On sourit sur l’insouciant « My Reply », on se recueille presque sur l’élégiaque « Upon A Cloud », on claque des doigts sur « Braggtown Boogie » et l’on s’émerveille sur les digressions éblouissantes de « Fado » (seul morceau qui n’est pas de sa plume, mais emprunté à son fidèle ami Mario Laginha).

Dans ce disque flotte un parfum de bonheur et de légèreté.
Par les doigts du pianiste passent toutes les émotions d’une vie. Autant la sienne que la nôtre. Ce doit être pour cela que Together est si juste et nous touche tant.