Chronique

Edwin Berg

Perpetuum

Edwin Berg (p), Eric Surménian (b), Fred Jeanne (dms)

Label / Distribution : Bee Jazz

Bien que ce pianiste, d’origine hollandaise, ait déjà enregistré trois albums en qualité de leader dans son pays natal, et que ce trio qui existe depuis cinq ans soit programmé un peu partout en Europe… Edwin Berg (de formation classique au Conservatoire d’Utrecht, puis élève du maître Kenny Werner) est encore relativement inconnu en France ; il ne devrait pas le rester longtemps.

Puisque formation classique il y a, on pourrait comparer son univers pianistique personnel à celui de Fauré pour l’équilibre des lignes mélodiques, de réelles simplicité et densité dans l’expression et l’homogénéité du discours - aussi bien dans les compositions personnelles que dans sa revisitation d’un standard de toujours (« All the Things You Are ») -, ou pour l’hommage à Bud Powell (« Parisian Thoroughfare ») et à Bach (« Prélude BWV 847 »), ou sa façon d’exprimer l’inexprimable ; dire aussi sa proximité avec Federico Mompou (1893 - 1987), compositeur et pianiste catalan, surnommé le « Debussy espagnol » pour le caractère intimiste de sa musique - cette esthétique de l’ineffable chère à Jankélévitch (lire ou relire La pensée lointaine). Car, on trouve bien de l’élégance, de la délicatesse sans affectation ou minauderie dans cette musique qui s’affirme de JAZZ à juste titre, avec cette sensibilité qu’on dit à fleur de peau, ici « à fleur de toucher », un raffinement extrême (« Ben ») et une façon de faire danser Amadeus pour la première fois (« Amadeus First Dance »), un art subtil de terminer certains morceaux comme en suspend, avec une retenue bien particulière.

Il y a des termes qu’on ose plus employer de nos jours sous peine de ricanements ; je ne vais pas me gêner pour écrire qu’a l’écoute de ce trio (car il faut souligner la qualité de ses partenaires) me vient naturellement un mot (que certains trouveront désuet) qui résume bien ce cadeau : EXQUIS. Un vrai bijou, pur éclat de musique.