Portrait

Elvin Jones

le batteur de Coltrane évoque le Duke et di Battista.


L’histoire, la petite comme la grande, connaît de troublantes répétitions. Duke Ellington, Elvin Jones, Stefano di Battista, trois générations de musiciens qui ont un lien commun.

Ainsi le légendaire Elvin Jones a t’il été l’espace de quelques concerts le batteur de Duke Ellington en janvier 1966. "Duke Ellington est la personne qui a inspiré tant de gens musicalement mais aussi en tant qu’être humain. Il était extrêmement talentueux, il parlait merveilleusement bien. Dans son orchestre, chaque musicien était un virtuose. Il était capable de gérer toutes ces différentes personnalités et elles le lui rendaient en lui étant dévouées. Je me souviens que, durant mon enfance, j’ai appris beaucoup en écoutant les disques de Duke Ellington. J’étais fasciné par ses compositions. Je pensais que Sonny Greer était le plus grand batteur de tous les temps. Je le pense toujours. Avant lui, personne d’autre ne s’est exprimé avec des rythmes parallèles. Il était l’orchestre de Duke Ellington. Avec ses percussions, il enrichissait de commentaires les mélodies d’Ellington”. Elvin Jones n’a aucun doute sur la modernité du Duke : “Ellington était futuriste. Je pense que l’analyse de sa musique ne sera jamais complètement réalisée. Sa musique est trop complexe. Ses compositions vous font danser, chanter, pleurer… Elles expriment toutes les émotions humaines. Ellington est un artiste de la dimension de Beethoven ou de Bach, qui est mon préféré”.

Le lundi 3 juillet 2000, Elvin Jones enregistrait à Liège avec le saxophoniste Stefano Di Battista pour le label Blue Note. Impressionné par le talent du saxophoniste, Jones allait lui demander d’intégrer sa Jazz Machine. Ainsi, pour quelques concerts, di Battista allait tourner avec un musicien historique. Cet été, Elvin Jones ne tarissait pas d’éloges sur lui : "Je pense que c’est un musicien exceptionnel. Il est un jeune génie pas seulement en tant que saxophoniste mais aussi en tant que compositeur. Il déborde d’énergie et développe une approche musicale délicate. Stefano a dirigé toute la session d’enregistrement de manière très professionnelle. Tout a été bien préparé, répété et exécuté. C’était un plaisir de jouer avec lui”.

Puis Stefano di Battista allait à son tour quitter la prestigieuse formation pour se consacrer à son esnsemble, tout comme, 35 ans plus tôt, Elvin Jones allait quitter le Duke pour jouer au Blue Note de Paris, invité par son ami Kenny Clarke. Chacun, enrichi par cette expérience, a pu ainsi mieux développer sa propre vision musicale.