Scènes

Festival Claquettes et Jazz en Bretagne

Festival danse et musique organisé par l’association Tap Breizh (www.tapbreizh.net) à Trégunc, Finistère, du 19 au 25 juillet 2003.


Après avoir rencontré Christophe Ligeron, de l’association Tap Breizh, au printemps 2003, je l’ai vu à l’oeuvre, lui et son équipe, lorsque l’été fut venu.

Quatre studios de répétitions étaient à la disposition des festivaliers désirant prendre des cours avec les danseurs vedettes du Festival. Un salon de massage était même prévu pour les danseurs endoloris.

Samedi 19 juillet, trio de Pascal Salmon, pianiste rennais, avec Jean Bardy, (contrebasse) et Mourad Benhamou (batterie). Quatre danseurs les accompagnaient tour à tour. Peter Kuit, Hollandais, Laia Molins, Espagnole (Barcelone), Fabrice Martin, Suisse (Lausanne) et Sandrine Gautier, Française.

S. Gautier est une enseignante, peu habituée à la scène et au public. Cela s’est vu. Laia Molins mélange avec goût la tradition espagnole du flamenco avec le tap dancing américain. Elle est grande, mince, élégante, souriante, gracieuse dans le moindre de ses gestes. Peter Kuit est un grand blond d’apparence raide, mais au jeu subtil, capable par exemple de danser des claquettes sur l’All Blues de Miles Davis. Cet homme danse sur du jazz modal - parfaitement, mesdames et messieurs. Comme il aime Kind of Blue, en vrai gentleman, il nous a aussi gratifiés d’un So What précieux et funky, dans un échange parfait avec le contrebassiste Jean Bardy.
Fabrice Martin est un petit lutin blond, plein d’esprit et de fantaisie, qui utilise divers accessoires- tel qu’un plancher spécial lui permettant de faire durer le son produit par ses pas, ou une casquette magique avec micro relié à ses pieds. Bref, ce jeune homme est un véritable feu follet. Il m’a positivement enchanté, notamment dans un duo avec Mourad Benhamou, sorti de derrière sa batterie pour venir tester ses baguettes sur le plancher magique de Fabrice Martin.
Le trio assurait parfaitement son travail d’accompagnement, en se permettant quelques respirations musicales.
Un seul regret : les danseurs venant de pays différents pour se retrouver à Trégunc n’ont guère eu le temps de répéter ensemble. D’où une succession de soli. Au final, toutefois, tout le monde s’est retrouvé pour un Take The A Train suivi d’un Cantaloupe Island tout feu tout flamme.

Dimanche 20 juillet, un spectacle purement musical. Le trio de Benjamin Moussay. Benjamin Moussay, piano ; Arnaud Cuisinier, contrebasse ; Luc Izenmann, batterie. Même si ce trio n’enregistre que depuis peu, il joue et tourne depuis des années. Ca s’entend dès la première note. La fusion est totale. L’aigle a 2 têtes, le trio en a 3 et ne forme qu’un seul être, corps et âme. Un seul regret. Benjamin Moussay n’a eu à sa disposition qu’un piano quart de queue. Question de coût de la location. Le Festival de Trégunc est encore petit. Plus il deviendra grand et riche, plus le piano s’allongera. Mais baste, fi de ces soucis matériels, la musique, l’émotion, la créativité était au rendez vous. Beaucoup de compositions personnelles du chef et de ses marmitons qui nous cuisinèrent un délicieux repas. A l’entracte, Benjamin Moussay fit un bref exposé sur la situation des intermittents du spectacle, leurs difficultés et leur lutte. Ici, contrairement à Vienne ou à la Star Academy, le public a applaudi. Comme standards, le trio joua Trinkle Tinkle de TS Monk et Actual Proof d’Herbie Hancock, pas vraiment du facile avouons le. Et en rappel, un petit plaisir démodé cher à Charles Aznavour, Somewhere over the rainbow.

Trégunc est un joli petit festival qui je l’espère deviendra grand. La plupart des festivaliers sont des passionnés venus danser avec des maîtres qu’ils admirent le soir même en spectacle. Les choix musicaux sont variés. Cela ne se limite pas au Jazz puisque la base du festival, ce sont les claquettes et que le thème musical change chaque année ( il y a déjà eu l’Irlande et le Brésil). L’équipe d’organisateurs est motivée, passionnée, adorable. Le soutien des élus et des médias locaux est bon. Le site est superbe. Trégunc se trouve sur la côte de Cornouaille dans le Finistère Sud. Si vous n’avez pas envie de danser, vous pouvez toujours aller vous baigner ou faire du bateau en attendant le spectacle du soir. Avis aux Parisiens, Trégunc swingue beaucoup plus que Deauville.

par Guillaume Lagrée // Publié le 22 décembre 2002
P.-S. :

Pour ceux qui souhaiteraient participer aux master classes de danse de Tap Breizh, la compréhension de la langue anglaise est utile, les professeurs étant rarement francophones. A défaut de mots, ils vous indiqueront la marche à suivre… :-)