
Telle une épure, la musique de Francesco Aroni Vigone épouse les angles vifs de l’église de San Giuliano de Vercelli. Orbita y est enregistré en 2023 par Eduardo Gennaro, secondé par Luca Seghizzi. La perception du son est d’une qualité exceptionnelle, la liste des microphones, de leurs emplacements et du dispositif technique sophistiqué est amplement détaillée dans les notes de l’album. Cette prestation soliste est magnifiée par l’union de ces trois entités complémentaires.
Sont-ce la plaine du Pô et ses hivers brumeux qui transparaissent dans les dix-huit compositions qui n’excèdent qu’occasionnellement les deux minutes ? Le recueillement qu’impose cette musique procure une sensation qui confine au mystère. Pas de rituel initiatique, les airs qui émanent des saxophones alto et soprano s’adressent tout autant aux néophytes qu’aux mélomanes. Francesco Aroni Vigone parle une langue universelle.
« In Cammino » fait entendre la richesse spectrale du soprano, non loin des investigations de Steve Lacy, la pièce ravive une forme de densité que l’on a plaisir à retrouver dans « In Cammino #2 ». Une similitude avec l’univers répétitif de Philip Glass se fait jour dans « Sequenza #6 » qui évoque l’intemporalité, la sveltesse de « Canto #1 », « Canto #2 » et « Canto #3 » sublime quant à elle l’aspect mélodique. Francesco Aroni Vigone apprécie les mouvements gracieux ; « Waltz », symbole de la danse, s’exprime par une émouvante simplicité. Olivier Messiaen aurait été comblé par la poésie de« Canto degli Uccelli », il y a chez ce saxophoniste un sens aigu de la coloration des timbres.
Il faut souligner la capacité qu’a Franceso Aroni Vigone à fondre sa musique dans les paysages naturels, les fragrances d’« Autunno » insinuent le frémissement des feuilles et la fraîcheur de la brise. Orbita est une succession de tableaux élégants, le plaisir de l’écoute est accentué par une véritable élévation spirituelle