Chronique

James Carter

Gardenias for Lady Day

James Carter (saxophones, cl basse), John Hicks (p), Peter Washington (cb), Victor Lewis (d), Myung Hi Kim, Ann Kim, Lisa Kim, Sarah Kim, Sharon Park, Sharon Yamada (violon), Rob Rinehart, Tom Rosenthalviola ; Jeanne LeBlanc, Bruce Wang, Sarah Seiver, Eileen Moon, Mina Smith, Elizabeth Dyson (cello), Phil Myers, Erik Ralsek (French horn), Miche Braden (vocal).

Label / Distribution : Columbia Jazz / Sony

Quatre années d’absence… Une longue traversée du désert pour le saxophoniste américain James Carter. Nous l’avons connu jeune, plein de rage et de besoin d’explosion. Technicien extraordinaire (l’un des seuls musiciens de jazz à maîtriser parfaitement cinq instruments), il a usé (parfois abusé ?) de ses connaissances au service d’un jazz contemporain très près du free. Serait-il aujourd’hui rentré dans le « droit chemin » du jazz classique ?

Gardenias for Lady Day rend hommage à celle qui avait pour compagnon un président (Lester « Prez » Young) et pour ami un comte (« Count » Basie) : Billie Holiday. James Carter ne cherche pas à substituer son sax à la voix de Billie Holiday. Bien au contraire, c’est un hommage personnel qu’il nous livre. Le timbre très gras de son instrument fait de chaque thème une pièce unique.

Deux morceaux se démarquent de par leur approche. La ballade « I Wonder Where Our Love Has Gone » se transforme au fil des minutes, pour laisser place à un jazz-funky dont seul Carter a le secret. Le plus étonnant est l’utilisation parfaite de l’orchestration à cordes dans ce contexte. Le thème qui fit de Billie Holiday une « star », « Strange Fruit », est interprété en duo avec Miche Braden. Carter joue ce thème comme un cri et nous transmet de manière extraordinaire toutes les souffrances de la vie de la chanteuse. On reconnaît ici le Carter fougeux et « libre » d’il y a une dizaine d’années.

Le saxophoniste a choisi une certaine discrétion musicale pour faire son retour sur le devant de la scène jazz. Aurait-il atteint l’âge de « raison » ou n’est-ce qu’une accalmie passagère ? Son prochain disque nous le dira…