Tribune

Jean-François Canape, par Jacques Mahieux

Je sens bien qu’on va célébrer sa modestie et sa discrétion, qui étaient surtout de la répulsion à solliciter quoi que ce soit de qui que ce soit…


En 1972, au sein du Machi-Oul Big Band, Jean-François n’arborait pas encore sa superbe moustache « cavannienne », mais il nous faisait déjà mourir de rire en nous narrant ses exploits passés de vendeur d’encyclopédies au porte à porte, avec leur lot de consolations de ménagères esseulées…

Son idole absolue, c’était Clifford Brown, ce qui ne l’a pas empêché de jouer très vite comme Jean-François Canape et d’entrer dans la catégorie pas si pléthorique des musiciens qu’on reconnaît au bout de trois notes…

Je sens bien qu’on va célébrer sa modestie et sa discrétion, qui, en fait, étaient surtout de la répulsion absolue à solliciter quoi que ce soit de qui que ce soit, ce qui n’est pas sans risque depuis que le faire-savoir a pris le pas sur le savoir-faire… Que voulez-vous, on a beau être musicien, on a sa fierté…

La mienne réside entre autres dans le fait d’avoir été de son seul et unique enregistrement en tant que leader (merci M’sieur Postel),et d’avoir souvent croisé sa route pendant quatre décennies de musiques sans concessions…

Jean-François, je ne pensais pas qu’un jour tu me ferais pleurer autrement que de rire, et j’espère que ce n’est qu’un au revoir, sinon, à quoi bon mourir ?


Quelques photos (Merci à François Raulin).